Schiz-Educ, un programme de psychoéducation au CHU de Clermont-Ferrand

FacebookTwitterLinkedInEmail

Le Pôle de psychiatrie du CHU de Clermont-Ferrand propose aux patients de participer à Schiz-Educ,  un programme de psychoéducation pour toutes les personnes souffrant de schizophrénie, pour lesquelles le diagnostic a été clairement établi et annoncé au malade et ses proches.

 

Genèse du projet. L'élaboration d’un programme d’éducation thérapeutique est né du souhait de fédérer les expériences de chacun autour d’un projet unique. De mars à septembre 2013, un groupe de travail multidisciplinaire s'est réuni (1), avec des psychiatres et addictologues, des infirmières et cadres de santé, une psychologue, une assistante sociale, une diététicienne, un éducateur sportif, des membres de l’UNAFAM, en collaboration avec l’Unité Transversale d’Education du Patient (UTEP-Service de Santé Publique) du CHU de Clermont-Ferrand. L’avis de patients ayant participé à un programme de psychoéducation  dans les deux services de psychiatrie de l’adulte a été recueilli, ce qui a permis de mieux cerner les besoins en matière de connaissances et compétences à acquérir. Le groupe de travail s’est également attaché à déterminer les critères motivant l’inclusion d’un usager : patient désireux de développer ou de renforcer son autonomie, de préparer sa sortie de l’hôpital, problèmes récurrents de la vie courante, ou encore difficultés à gérer les traitements…

 

Le programme. SchizEduc a donc pour objectif général d’aider le patient schizophrène à mieux connaître et gérer sa maladie au quotidien. Le programme ETP se veut souple et complet. Il est organisé par groupe de patients selon trois modules indépendants, comprenant chacun quatre séances d’une heure et demie. Le premier module correspond à la connaissance de la maladie, le second à la connaissance du traitement, et le troisième aux aspects de fonctionnement et de vie sociale.

 

Déroulement. Les patients peuvent intégrer le programme soit en suivant les trois modules à la suite (soit un total de 12 séances), soit en n’en suivant qu’un seul, ou deux, quels qu’ils soient. Avant de débuter, chacun est reçu lors d’un entretien initial visant notamment à établir le bilan éducatif. Les objectifs individuels du patient sont mis en évidence, afin d’établir avec lui, le parcours éducatif.
En fonction des séances, le programme est animé par différents professionnels du pôle de psychiatrie de l’adulte du CHU de Clermont-Ferrand (IDE, médecins psychiatres, psychologues, assistante sociale, diététicienne, animateur sportif, pharmacien, médecins addictologue et ide en addictologie) membres de l’UNAFAM).
Un binôme d’infirmières anime la totalité des séances et sert de « fil conducteur » tout au long du programme.
A la fin du programme, le  participant est de nouveau reçu en entretien individuel pour un bilan éducatif final.  Un courrier de synthèse est adressé au psychiatre et/ou médecin généraliste traitant, en accord avec le malade.

 

Contenu.

– Le premier module est consacré à la connaissance de la maladie et de ses symptômes. Différents supports, notamment vidéos sont utilisés. Les objectifs se centrent sur la reconnaissance des principaux symptômes de la maladie, mais aussi des symptômes annonciateurs de rechute. Des cartes « coupe-feu » sont distribuées pour proposer au malade des moyens d’intervention en cas de crise. L’utilisation de pictogrammes permet d’expliciter un vocabulaire spécifique à la maladie, dans l’objectif de réduire l’incompréhension entre ce que veut dire le malade lors de la consultation, et ce que perçoit finalement le médecin. Des données épidémiologiques et neurobiologiques de base sont également données, à partir d’un support interactif de neuro anatomie simplifiée.

– Le deuxième module est consacré à la connaissance des traitements. Là encore, différents supports sont utilisés pour rendre l’information ludique, et créer des échanges à l’intérieur du groupe : jeux de cartes, brainstorming, classement des médicaments, jeux de rôles … Les objectifs principaux sont bien entendu d’informer le malade sur la nécessité d’une bonne observance médicamenteuse, mais aussi de libérer l’expression vis-à-vis des traitements, et du ressenti des malades, aussi bien concernant les effets positifs que les effets secondaires possibles. Le malade doit ainsi pouvoir connaître et s’approprier les différents éléments de son traitement, et pouvoir discuter librement, sans complexe, de son ressenti, de ses doutes, des raisons de sa mauvaise observance… Enfin, une séance est consacrée aux approches thérapeutiques non-médicamenteuses : psychothérapies, relaxation, mindfullness, entrainement aux habiletés sociales.

– Le troisième module est consacré à la thématique « Vivre avec la maladie ». Il s'agit clairement d’insister sur le fait que toute la vie du malade ne doit pas se résumer aux aspects purement médicaux liés à sa maladie. Ce troisième module se tourne donc vers la vie quotidienne, en dehors de l’hôpital. Pour cela, les aspects sociaux, notamment la recherche d’un logement adapté, parfois en passant par des structures de type appartements thérapeutiques, la question de l’argent, et des mesures de protection, tout comme la question de l’emploi sont bien sûr abordés. Les modalités de soins sans consentement, y sont abordées également afin de dédramatiser ces situations, et d’évoquer la place des proches dans la prise en charge de la maladie. Au-delà, c’est aussi la vie de l’individu dont il est question à travers les loisirs, le fonctionnement quotidien, la pratique d’une activité physique, le respect de règles d’hygiène de vie… La dernière séance se veut moins formelle, comme une synthèse du programme, mais aussi et surtout, comme une mise en perspective pour l’avenir : quel est mon projet ? Comment je peux le réaliser ? De qui et de quoi ai-je besoin pour le réaliser ?… Si la maladie complique bien sûr les choses, le malade doit pas pour autant en être l’esclave.

1–

Ont participé à ce programme : Dr A Catana, T Charpeau, Dr AM Tronche, C Bernard, L Coustet, M Verdier, C Doriat  (IDES) MS Cherillat (IDE coordinatrice à l’UTEP),  M Montagne  (AS), A Baudoux-Meunier (psychologue), J Martin (cadre de santé coordonnateur du programme).