Contention en psychiatrie : quel est le vécu des soignants ?

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On observe un retour de l’usage des contentions en psychiatrie, pratique qui soulève de nombreuses questions éthiques. La lettre Initiatiatives et pratiques collaboratives de la Haute autorité de santé présente les résultats d'une étude sur le vécu des soignants et la réalité des pratiques dans deux services d’urgences et deux services fermés en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Selon les chercheurs, les indications de la contention sont majoritairement liées à l’agitation et l’agressivité. L’impact sur le patient paraît univoque dans le sens d’une diminution de l’agitation mais contradictoire sur l’anxiété.

Le vécu du soignant est émotionnellement riche et intense, souvent à tonalité négative : culpabilité, tristesse, frustration, colère, sentiment d’échec, peur avec la crainte de la banalisation. Cependant dans certains cas c’est le sentiment de sécurisation du patient et de son entourage qui prévaut. Pour la plupart des soignants cette pratique reste un acte de soins si elle s’exerce de manière adaptée et non systématique. A l’inverse, près de 80% des soignants évoquent un risque d’utilisation de la contention pour pallier le manque de moyens et le défaut de tolérance, dans des structures hospitalières insuffisamment disponibles.

Cette étude évoque une pratique difficile, qui risque de traumatiser aussi bien les patients que les soignants si elle est exercée sans précautions. Les auteurs recommandent d’envisager une prévention très en amont, par la formation des équipes à la prise en charge de la violence, par la sensibilisation aux principes de droits et de respect de la dignité des patients.

  • Usage de la contention en psychiatrie : vécu soignant et perspectives éthiques. Dr R. Bouet, CH Henri-Laborit, Poitiers. In : Initiatives et pratiques collaboratives, à consulter sur le Webzine de la HAS, has-sante.fr. rubrique I&DPC. L'étude complète Usage de la contention en psychiatrie : vécu soignant et perspectives éthiques, J. Guivarch, N. Cano, a été publié dans l'Encéphale, n°4, vol. 39, septembre 2013 (30 euros).