Le mouvement des usagers de la psychiatrie a permis à l’entraide informelle puis à la pair-aidance professionnelle de prendre successivement leur essor. Si certaines institutions persistent à sous-estimer la puissance montante de ce mouvement, d’autres s’engagent et recrutent des pairs-aidants… Comment les intégrer au sein des équipes de soin ? Quels leviers activer pour valoriser leurs savoirs expérientiels ? Quelles plus-values pour la pratique clinique ? Repères théoriques et retours d’expériences.
Mettre en œuvre la pair-aidance
Au sommaire de ce dossier
La pair-aidance, un mouvement inéluctable !
En psychiatrie, le développement de la pair-aidance interroge
chacun sur ses savoirs, ses compétences, sa posture, sa responsabilité et son pouvoir d’agir. C’est peut-être dans le partage d’expériences humaines que les soignants peuvent prendre au mieux soin des fragilités de chaque personne.
Les leviers de la pair-émulation
Contenue dans la pair-aidance, la pair-émulation vise à générer un besoin de changement chez la personne aidée. L’émergence de ce désir s’appuie sur l’identification réciproque, le partage d’éléments de l’histoire
de vie et l’attrait du rétablissement.
De l’effet subversif du pair-aidant…
Pour l’association Humapsy, l’image progressiste que se donne la psychiatrie en recrutant des pairs-aidants est usurpée si elle ne reconnaît pas davantage les savoirs expérientiels.
« Vous, vous pouvez comprendre… »
Pas toujours facile en tant que paire-aidante de trouver sa place dans une unité de soins. Conjuguer savoir expérientiel et académique nécessite motivation, écoute, respect et préparation de l’équipe. Retour d’expérience d’une médiatrice de santé-paire.
« Un pair-aidant dans notre unité… »
Au fil de l’intégration dans l’équipe soignante de Wendy, médiatrice de santé-paire, des questions se posent. Si les patients perçoivent rapidement l’intérêt de sa mission, les soignants ont parfois du mal à relever la valeur ajoutée de ses interventions.
Un pair praticien dans la recherche en psychiatrie
Au cours d’un travail de recherche, un anthropologue et un pair praticien analysent la notion de pairs dans sa dimension relationnelle. Ils identifient trois types idéaux de relation : déstabilisation, fascination et négociation.
Une plateforme territoriale de pairs-ressources
L’association de pairs-aidants professionnels Espairs expérimente une plateforme territoriale de pairs-ressources en santé mentale. Lieu d’accueil et de travail, elle propose un pool de pairs-aidants, salariés ou bénévoles, au service des personnes directement concernées par les troubles psychiques et des différents acteurs.
« Les pairs-aidants doivent s’émanciper ! »
Si l’accompagnement par les pairs est dans l’air du temps, de nombreux freins demeurent. Bilan, perspectives et inquiétudes après le dernier colloque de l’Association francophone des médiateurs de santé-pairs (AFMSP).
« Au groupe d’entraide, nous sommes frères d’armes »
Danielle, 73 ans, a été habitée par des voix qui l’ont conduite à l’hôpital. Grâce à un travail sur elle-même et avec l’aide de sa famille, elle est devenue paire-aidante bénévole au sein d’un Groupe d’entraide d’entendeurs de voix.
« Ce que je ne pourrais pas supporter en tant que paire-aidante »
Difficile parfois pour les soignants d’accepter les pairs-aidants comme partenaires du soin… Témoignage d’une usagère qui, si elle parvient à « faire avec la maladie », redoute et refuse la stigmatisation.
POUR EN SAVOIR PLUS
Chaque mois, le réseau documentaire en santé mentale, Ascodocpsy, propose des éléments de bibliographie en lien avec le thème du dossier : Mettre en oeuvre la pair-aidance.
Et aussi dans ce numéro
Jusqu’où aider quelqu’un ?
Que signifie aider quelqu’un, et jusqu’où peut-on s’y engager sans compromettre son propre équilibre ? En inscrivant l’aide au plan sociétal, on passe du registre de la morale à celui de la solidarité.
Fugue d’un patient et responsabilité infirmière
Une décision récente de la Cour administrative d’appel (CAA) vient préciser la responsabilité infirmière dans la surveillance d’un groupe de patients au cours d’une sortie thérapeutique.
Pair-aidance : comprendre et agir
Entretien avec le Pr Nicolas Franck, psychiatre et coordinateur de cet ouvrage collectif qui précise les fondements théoriques et les modalités pratiques de la pair-aidance en santé mentale.
Le recours à l’acte chez le sujet borderline
L’angoisse abandonnique est un trait constant chez le sujet état limite, au point que la relation à l’autre est toujours surinvestie. La personne recherche désespérément la fusion avec autrui, et lorsque cela n’est pas possible, les passages à l’acte apparaissent comme des tentatives de défense. Illustration avec Marc, sujet borderline en thérapie après un divorce.
Planning du confinement
Durant le confinement, difficile pour les familles de gérer les jeunes patients au domicile… Les soignants proposent à certains un suivi quotidien basé sur un emploi du temps très structuré.