L’alexithymie est une dimension psychopathologique transnosographique qui trouve son point d’ancrage dans les toutes premières phases du développement psycho-affectif du nourrisson. Cette dimension correspondrait à un mode de fonctionnement psychique soit régressif soit constitutionnel qui permettrait un « verrouillage » des affects en cas de situations traumatisantes. La coexistence de l’alexithymie avec d’autres mécanismes de défense illustre la richesse, le polymorphisme et la fluidité du fonctionnement psychique. C’est son caractère de défense univoque et/ou durable qui exposerait au risque psychosomatique en cas de débordement de l’appareil psychique. L’installation dans un mode vie opératoire avec ses différents verrouillages biologiques et psychosociaux est à l’origine d’un grave rétrécissement du champ représentationnel qui aggrave la dimension alexithymique. L’évolution vers une pathologie psychosomatique se ferait après un quasi-épuisement du fonctionnement psychologique, vers une dépression essentielle sans possibilité de compensation économique autre qu’un morcellement fonctionnel (passage du corps imaginaire au corps réel) favorisé par le processus de démétaphorisation, laissant à la non-intégration des régimes narcissiques en pulsionnels agir sur le soma. Voilà le risque évolutif majeur de ces patients qui impose une reconnaissance précoce de ce choix (« non-choix ») d’expression énigmatique, parfois hermétique, de leur souffrance psychique.
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