Les Français et la santé mentale

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La Mutuelle générale de l'éducation nationale (MGEN) révèle les résultats de sa dernière enquête sur les maladies mentales à l’occasion de son grand colloque annuel du 4 et 5 décembre. L'accès au psychiatre reste complexe, tout comme l'organisation de l'offre de soins. L'information est plus que jamais nécessaire sur les maladies, les médicaments et les dispositifs de prise en charge. La prévention est insuffisante en milieu scolaire et professionnel !

Un sujet anxiogène

Pour 58% des Français, les personnes atteintes de maladies mentales sont potentiellement dangereuses pour les autres. Même si la quasi-totalité (96%) s’accorde à dire que chacun peut être affecté un jour.

En France,1 personne sur 5 confie être ou avoir été suivie pour un problème psychologique. 36% ont déjà consommé ou consomment actuellement des médicaments pour les angoisses et le stress, 33% pour s’endormir, 28% pour lutter contre la dépression et 15 % pour améliorer leur humeur. Une prise en charge médicamenteuse souvent de longue durée, depuis au moins 3 ans pour 60% de l’échantillon interrogé. À noter que 3 patients sur 10 ont ressenti des effets secondaires, alors que près de 40 % déclarent ne pas avoir été informés des éventuelles conséquences et méfaits de leur traitement.

Une image négative qui freine l’accès aux psychiatres !
L’étude pointe du doigt 4 freins majeurs à l’accès aux psychiatres en France :
– L’image négative que l'on peut avoir de l'accès aux professionnels (37%)
– Le manque d'informations sur l'accès aux professionnels (25%)
– Le coût de la consultation restant à la charge dupatient (27%)
– Le manque de professionnels (11%)

Un processus de prise en charge flou

Les personnes interrogées ne semblent pas considérer le médecin généraliste comme le plus adapté pour répondre aux questions de santé mentale. Seules 1/3 pensent qu’il a une formation adéquate et 3/4 estiment qu’il ne réalise pas systématiquement une évaluation de l’état de santé mentale de ses patients (par manque de temps de consultation pour 88 %).

Le médecin généraliste reste le référent sur les problématiques de sommeil (83%) et de stress (72%). Pour les troubles les plus importants (dépressions, idées sombres et suicidaires et maladies mentales en général), le psychiatre devient l’interlocuteur privilégié. Aujourd’hui, les Français sont aussi nombreux à avoir décidé leur psychothérapie eux-mêmes (28%) que sur conseil d’un médecin (généraliste: 14% psychiatre:15%)
 

Patients, vers quelles solutions se tourner ?

8 personnes sur 10 considèrent que la meilleure réponse aux souffrances psychiques est la psychothérapie. Vient ensuite le soutien de l’entourageà 66%,un traitement par médicaments à 58% et enfin l’hospitalisation à 47%.
En cas d’urgence psychiatrique,le grand public connaît mal les structures de proximité. Les sondés sont relativement peu nombreux à savoir s’il existe, à proximité de chez eux,des centres de consultation psychiatrique publics (moins d’1 répondant sur 2) ou une équipe soignante pouvant proposer des consultations, des visites à domicile et des hospitalisations (1 sur 3). En revanche, 67% citent les urgences de l’hôpital, dont ce n’est pas lavocation première.
 

Santé mentale au travail

L’étude révèle que les actifs ne se sentent pas suffisamment informés sur leur lieu de travail or c’est un phénomène qui touche de plus en plus le monde de l’entreprise ! 33 % confient s’y être déjà rendus en situation de souffrance mentale. 55% sont attentifs et prévenants quant à la santé psychique deleurs collègues.Un chiffre qui baisse quand il s’agit d’évaluer le rapport à leur N+1. En effet, 21% des répondants actifs estiment que leur supérieur hiérarchique est attentif à leur santé mentale. D’ailleurs seuls 18% leuren parleraient directement, s’ils se retrouvaient en souffrance psychique. C’est auprès du médecin du travail qu’un1 Français sur 3 se tournerait en premier. À noter que10% déclarent avoir déjà bénéficié d'une campagne de préventionde la souffrance psychique sur son lieu de travail.
 

Et en milieu scolaire?

Même constat en milieu scolaire où les parents considèrent le niveau de prévention très faible. Pour 61% d’entre eux, il n’existe pas des dispositifs spécifiques de repérage liés aux souffrances psychologiques. 16% seulement déclarent que leur enfant a déjà bénéficié d’une campagne de prévention et d’information sur la souffrance psychique, la dépression, le risque suicidaire (contre 53%sur les risques liés à l’alcool et la drogue).
 

L’information, plus que nécessaire !

Les Français se sentent insuffisamment, voire pas du tout, informés sur la santé mentale :
– 82%*sur l’organisation de l'offre de soins (médecins, hôpitaux, autres professionnels) en santé mentale
– 82% sur les médicaments utilisés pour les problèmes psychiques (leur efficacité, leurs effets indésirables,leur utilisation)
– 79% sur les maladies mentales en elles-mêmes
– 79% sur la souffrance psychique, la santé mentale en milieu professionnel
– 76% sur la souffrance psychique chez les adolescents
– 40% sur les risques liés à l'alcool ou à la drogue
*Total des réponses : "insuffisamment informés"et "pas du tout informés"