Liseran est le nom d’artiste de Lise Rancillac (1936-2016), épouse de Paul Rancillac (alias Jean-Jules Chasse-Pot, sculpteur). Diplômée des Beaux-Arts de Paris et formée aux métiers d’art, entre autres, elle s’est consacrée à la peinture à partir des années 1970, élaborant une œuvre conséquente et très personnelle, pleine de poésie, de tendresse et de silences…
Avec un désintérêt assez savoureux et ironique pour la perspective et les règles anatomiques, des teintes douces, cette artiste nous touche avec des toiles faussement naïves, qui empruntent leurs thèmes au quotidien : ce sont des paysages, des scènes de rue, des représentations de rencontres banales… La peintre croque comme sur le vif des petits moments de vie, à la manière d’une bande dessinée sans parole. Avec finesse et humour, elle explore la comédie humaine, montrant les espoirs et les petitesses des hommes, leur tentative maladroite pour exister et leur solitude.
Les séries présentées dans ce numéro plongent au cœur du couple. « Des nœuds profonds des relations de la famille, du couple et des amants, Liseran décrypte le minimum, écrivait I. Pellati dans Artension (n°18, 1986). Peintre de l’abstention, elle nous rapporte les impasses de la solitude et de l’attente. Sous les vêtements stricts, les costumes étriqués, sous la peau des corps ensommeillés et ronds, grésille sourdement la révolte. Mais la révolte est liquide et se cache derrière I’absence. Les hommes et les femmes charnus de Liseran ont l’opacité de ceux qui se tairont toujours »… Ces couples peuvent paraître désuets, ils sont en réalité intemporels, et interrogent notre humanité.
- En savoir plus : www.liseran-peintre.com. La rédaction remercie vivement les enfants de l’artiste pour leur collaboration à ce numéro. Contact : marierancillac@orange.fr
