Quelle pérennité pour l’IPPP ?

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RECOMMANDATIONS. Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté s’interroge sur la pérennité de l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (IPPP), structure ambiguë entre ordre public et considérations médicales…

RECOMMANDATIONS. Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté s’interroge sur la pérennité de l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (IPPP), structure ambiguë entre ordre public et considérations médicales…

Créée en 1872, l’Infirmerie psychiatrique de la Préfecture de Paris (IPPP), à proximité de l’hôpital Sainte-Anne, est un lieu aussi mythique qu’unique. En 2010, environ 1 900 personnes interpellées dans la rue pour leurs comportements agités ou violents, amenées par les commissariats de quartier, y ont été enfermées pour 48 heures . Soulignons que dans toutes les grandes villes, et dans le même cas de figure, la personne arrêtée est soit incarcérée, soit transférée dans un hôpital pour décider d’une éventuelle hospitalisation d’office. Le Contrôleur des lieux de privation de libertés, Jean-Marie Delarue, suite à sa visite à l’IPPP trois jours durant en 2009, a publié des recommandations. Il pointe ainsi l’extrême ambiguïté du lieu : « Sans remettre en cause la qualité intrinsèque avec laquelle les personnels de l’établissement exercent leurs fonctions, les contrôleurs ont vivement regretté la confusion des rôles résultant d’une tenue uniforme entre personnel de surveillance et personnel soignant. » Il souligne également que « le dispositif entretient le doute sur la distance entre considérations d’ordre public et considérations médicales » et s’interroge : «Mais pourquoi l’appréciation compétente d’une situation pathologique a-t-elle des liens avec une institution de police ? » 
Le Contrôleur se demande de plus si l’appartenance de l’IPP à la préfecture de police n’exacerbe pas, chez certains patients, les manifestations de violence : « En tout état de cause, seuls 41 % d’entre eux sont placés après leur séjour dans l’établissement en hospitalisation d’office : par conséquent, tous ne sont pas violents. » Il pointe également le fait, qu’à Paris, les hôpitaux accueillent un nombre bien supérieur d’urgences psychiatriques et recommande au gouvernement « de mettre dès qu’il sera possible le transfert des moyens de l’IPPP au dispositif hospitalier de droit commun ».
De son côté, la mairie de Paris lance une mission d’évaluation de l’IPP qui devra rendre ses conclusions dans les six mois. La pérennité de l’IPP est donc remise en cause.

Recommandations du 15 février 2011 du Contrôleur général des lieux de privation de liberté relatives à l’infirmerie psychiatrique de la Préfecture de police de Paris, Journal officiel du 20 mars 2011, texte 38 ;www.journal-officiel.gouv.fr