Vers l’autre rive…

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Présenté au dernier Festival de Cannes dans la sélection « Un certain regard », ce film de Kiyoshi Kurosawa, Vers l'autre rive, a remporté le prix de la mise en scène. Imprégné de spiritualité japonaise, ce film offre aux esprits occidentaux une possibilité de penser autrement la mort, tout comme la vie…


« Rares sont ceux qui ont vécu l’expérience de rester au chevet d’une personne sur le point de partir, de prendre délicatement sa main et de partager une émotion en ne quittant pas son visage des yeux… aux dires de ceux qui y ont été confrontés, ces quelques heures de face-à-face sont un moment de partage précieux et véritablement sacré », écrit la psychologue Marie de Hennezel, connue pour ses travaux sur une fin de vie plus humaine. À partir d'un tel dialogue émotionnel intime, le réalisateur a imaginé une fiction au cours de laquelle Yusuke, emporté par une mort « provisoire » (noyade en mer), revient à la vie terrestre pour entamer avec sa femme Misuki un périple qui le conduira vers un départ définitif, (la disparition de son esprit). Selon K. Kurosawa, « le corps et l’esprit existent à des niveaux différents » : « Il m'a toujours semblé hâtif de penser que la mort emportait l’un et l’autre simultanément… »

Au cours de ce voyage au cœur du Japon, à travers villages et rizières peuplées d’êtres fantastiques, le couple traversera des épreuves à travers le prisme de l’amour. Le passé  qu’ils ont partagé ensemble, mais aussi le passé de chacun, jusque-là inconnu de l’autre, ressurgit, abordant le thème de la crise du couple. Vers l’autre rive, qui nous évoque l’action du passeur au temps des pharaons, part d’un thème onirique pour atteindre l’essence même de la psychologie des relations humaines. Il nous montre cet accompagnement vers la mort et l'amour de ce couple d'une façon très vivante et originale.

A voir sur grand écran à partir du 30 septembre.

Par Yvette et Pierre Wiltzer, enseignante et psychiatre.