N’est-il pas paradoxal, voire provocateur, d’accoler tendresse et psychiatrie ? Pourtant, comment envisager de soigner sans s’engager émotionnellement ? Alors que le soin se construit essentiellement via la relation soignant-soigné, la tendresse s’inscrit comme la tonalité affective nécessaire au lien thérapeutique. Pour le soignant, oser puis parvenir à se montrer « tendre » requiert un travail sur soi et constitue en quelque sorte une éthique de la sollicitude.
La tendresse dans les soins
Au sommaire de ce dossier
La tendresse réparatrice
En psychiatrie, où le soin se construit via la relation soignant soigné, la tendresse s’inscrit comme la tonalité affective
nécessaire à un lien thérapeutique. La psychanalyse et la psychologie existentielle et humaniste explorent ce concept.
Petite philosophie de la tendresse dans les soins
La tendresse procède d’une éthique de la sollicitude. Dans la relation de soin, elle est la continuité du constat de la vulnérabilité et porte un message d’espoir, d’accompagnement et de consolation.
Les mots « fragiles » du prendre soin
L’humilité, la sensibilité, la générosité et la délicatesse sont autant de valeurs du prendre soin qui font le lit
de la tendresse.
L’amour « désaliéné » dans la relation thérapeutique
Comment, sans un sentiment d’affection authentique, un thérapeute peut-il établir une relation de confiance et tisser un lien pour parvenir à assouplir les défenses du patient ? L’amour « désaliéné » lui permet de se connecter à l’enfant souffrant à l’intérieur de l’adulte. Cette qualité « d’être » se construit par un travail personnel approfondi et continu.
Incontournable tendresse
De la tendresse émane un lien essentiel qui transcende et laisse entrevoir un lieu et une dimension au-delà de l’être. Elle témoigne que nous sommes heureux de la présence et de l’existence de l’autre, qui devient dépositaire à son insu de quelque chose qui le dépasse.
La tendresse, pour transformer le trauma
Tout comme elle est nécessaire au développement de l’enfant, la tendresse est une qualité relationnelle évidente
qui s’impose dans la clinique du psychotraumatisme. Exploration du concept, entre théorie de l’attachement et
psychosexualité psychanalytique.
Le lait de la tendresse humaine
Attribut du maternel, la tendresse est un sentiment, hélas, très controversé en psychiatrie où l’on privilégie des attitudes plus viriles. Le soin est malgré tout au bout du chemin.
La part du don dans l’activité de soin
Offrir tendresse et sourire fait partie des dimensions fragiles et sensibles du prendre soin. Sans elles, sans ces « petits riens » qui habitent le soin, pourquoi être soignant ?
Les effets apaisants du massage des mains
Une recherche atteste que le massage des mains de personnes âgées souffrant de démence contribue à diminuer leur niveau de stress et d’agitation. Ce geste a également des effets bénéfiques sur les soignants.
Et la tendresse, bordel!
Dans le champ de la dépendance, au nom du « professionnalisme », il faudrait bannir la relation affective dans les soins. Mais nous ne sommes pas encore des post-humains et avons toujours besoin de tendresse.
Oser la tendresse en formation
Un dispositif original de formation continue, destiné à de jeunes infirmiers en psychiatrie, propose un temps de partage émotionnel où peut surgir la tendresse.
Pour en savoir plus du N°224
Chaque mois, le réseau documentaire en santé mentale, Ascodocpsy, propose des éléments de bibliographie en lien avec la thématique du dossier : La tendresse dans les soins.
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La prise en charge des personnes en grande vulnérabilité nécessite une adaptabilité sans faille des professionnels et du cadre d’intervention, sur le plan social et psychique. Le maintien du lien reste prioritaire et oblige à un seuil de
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