09-10 septembre 2021 - Bruxelles

L’éthique et le travail des soins

FacebookTwitterLinkedInEmail

Le travail des soins est inscrit depuis les débuts de l’humanité comme une relation entre des personnes qui se reconnaissent, se font confiance et où l’une s’en remet véritablement aux « bons soins » de l’autre. Malgré l’évolution extraordinaire des méthodes et des technologies, rien de fondamental n’a changé. Le soin est une affaire entre personnes humaines. Une « affaire » qui fait appel à une qualité de relation elle-même an-crée dans la considération que l’on a pour l’humanité d’autrui et la sensibilité dont on fait preuve face à ce qu’il y a à vivre.

Si de nos jours et dans nos sociétés, on répète à raison que le travail est en crise, on peut sans aucun doute soutenir que les professions de santé connaissent les mêmes défis et les mêmes grandes évolutions que le travail en général, depuis les problèmes de financement, de rentabilité, jusqu’aux questions de motivations individuelles. Et pourtant, une immense différence nous paraît distinguer et spécifier le domaine des soins : alors que le travail est de moins en moins consacré à la transformation d’une matière naturelle et peut paraître de plus en plus abstrait ou intellectuel, y compris dans les métiers encore dits manuels, la pratique quotidienne des soins procède d’une œuvre tant technoscientifique qu’humaine qui la rend à chaque fois singulière.

Il faut reconnaître que les soins ont été sous-estimés en tant que travail – avec l’art du singulier qui les caractérise -, sans doute parce que l’éthique a trop longtemps idéalisé les choses. De son côté, la science a cru pouvoir contrôler l’ensemble des activités et particulièrement la qualité de celles-ci. Fort heureusement celles et ceux qui participent aux mouvements d’analyse du care, autant que celles et ceux qui œuvrent – telles certaines associations de malades et la dé-marche du « partenariat patient » -, pour la mise en lumière de la distinction entre la qualité des soins et la qualité du soin et, par là, de la nécessité de prendre soin de l’être humain au-delà des actes et des soins qu’il requiert, ont énergiquement entamé cette reconnaissance sociologique mais également psychologique et morale du travail.

Une éthique du travail des soins permet de considérer les soignants comme des « travailleurs » qui pro-duisent, jour après jour, autant d’œuvres singulières.Des travailleurs dont il faut baliser les droits et les devoirs, à qui il faut assurer des conditions de travail justes et soute-nables – quitte à prendre le risque de souligner à la fois la vulnérabilité et la responsabilité spécifiques de ces travailleurs.

C’est pour cette raison que sont organisés ces XVIèmes JIFESS sur ce thème car il apparaît qu’il est temps aujourd’hui, pour la nature même des soins proposés à la population et pour la qualité même des conditions de travail des différents intervenants, de développer une éthique en mesure de réguler les organisations et les processus de soins dont la dimension économique sera de moins en moins refoulée.