Enfin disponibles, les premiers résultats de l’étude Amadeus ont été publiés dans une revue mondiale de management paramédical : Journal of nursing management. Ils pointent combien l’hôpital est un environnement de travail difficile pour les soignants, et invitent à développer des interventions de prévention adaptées pour améliorer le bien-être hospitalier. Présentation de Guillaume Fond, co-auteur.
Cette étude visait à explorer l’influence de l’environnement de travail sur l’adaptation à l’emploi et la santé mentale des professionnels de santé à l’ère post-covid. Elle a été diffusée entre mai et juin 2021 dans toute la France auprès plus de 10000 soignants exerçant dans un établissement de santé français. L’article présente les résultats à partir des réponses de 7000 soignants parmi lesquels des médecins, des infirmiers, des cadres de santé, des directeurs de soins et des aide-soignants.
Les résultats mettent en évidence :
– entre 50 et 60% de burnout
– près de 40% d’exposition au harcèlement moral par des supérieurs ou des collègues sur le lieu de travail au moins une fois dans la carrière
– plus de 30% de dépression actuelle au moment de l’étude
– entre 31 et 49% de troubles du sommeil actuels et 16 à 21% de consommation chronique de somnifères
– des conduites à risque pour la santé: un tabagisme très important chez les aide-soignants (32% soit presque 3 fois plus que les médecins,alors que l’on sait désormais que le tabac est une cause directe de dépression et de symptômes psychotiques), des troubles liés à l’usage d’alcool très fréquents chez les médecins (plus d’un médecin sur 4 présente un trouble lié à l’usage d’alcool)
– 90% des soignants rapportent une forte demande psychologique,
– un soignant sur 3 rapporte un manque d’accomplissement personnel dans son emploi
Ces résultats indiquent la nécessité de développer plusieurs interventions pour améliorer le bien-être hospitalier, et notamment:
– prévenir le harcèlement professionnel et favoriser le support émotionnel entre collègues
– prévenir les comportements nocifs comme le tabagisme au travail, souvent banalisé
– développer des interventions visant à augmenter le sens de son travail, par l’identification correcte des valeurs et du Moi. Des thérapies cognitives et comportementales de troisième génération pourraient être déployées à grande échelle parmi les soignants (thérapie d’acceptation et d’engagement, pleine conscience, thérapie de gratitude, thérapie d’identification correcte du Moi)
– promouvoir la sieste au travail et l’accès à des espaces de calme, actuellement inexistants dans la plupart des établissements.
• Work environment and mental health in nurse assistants, nurses and health executives : Results from the Amadeus study, G. Lucas, G. Fond et al., mars 2022, doi :1011/jonm.13599
