Un recueil de données nationales en cours sur les étudiants en soins infirmiers

FacebookTwitterLinkedInEmail

Une « enquête flash » du 6 au 17 décembre 2021 vient d’être lancée par le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), en collaboration avec le ministère des solidarités et de la santé. Comportant 12 questions, elle a été envoyée aux 357 instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) adhérents au Cefiec. Cette enquête permettra le recueil de données nationales sur le profil des étudiants, leur parcours au sein des Ifsi et leur employabilité à l’heure où la question des ressources humaines à l’hôpital, notamment pour les infirmier(e)s, est de plus en plus tendue.

Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, l’avait annoncé, fin octobre lors d’une visite à l’hôpital de Blois, dans le Loir-et-Cher : une enquête serait lancée pour comprendre les raisons qui poussent les étudiants en soins infirmiers (ESI) à quitter leur formation avant la fin de leurs études. Le ministre avait alors indiqué que près de 1300 étudiants infirmiers « ont rendu leur tablier » entre 2018 et 2021. Une chiffre obtenu en faisant le différentiel entre les inscriptions et le nombre de diplômés sur cette période. La situation paraît d’autant plus paradoxale lorsque l’on sait que pour la troisième année consécutive, la formation en soins infirmiers est la filière la plus demandée sur Parcoursup : 10% des jeunes inscrits ont fait le vœu cette année 2021 d’intégrer un institut de formation en soins infirmiers via la plateforme d’orientation vers les études supérieures.

Les enseignements de cette enquête lancée le 6 décembre dernier seront communiqués courant janvier 2022 et transmis au ministère. Ils devraient permettre un état des lieux, et notamment celui du remplissage des places proposées en Ifsi alors que conformément aux annonces du Ségur de la santé, 2 500 places supplémentaires en première année d’études de soins infirmiers ont été créées à la rentrée 2021. Au total, les capacités d’accueil en IFSI ont augmenté de près de 15% entre 2020 et 2022.

Il sera également utile de comprendre précisément – même si les effets de la crise sanitaire semblent expliquer beaucoup de choses1 pourquoi les ESI quittent leur formation en cours de route, quels en sont les motifs précis et est-ce une constante ou s’aggrave-t-elle au fil des années ? Enfin, autre question d’importante semble-t-il liée à la qualité de leur formation et aux compétences acquises par le futur professionnel puisque, semble-t-il, de nombreux ESI se détournent du métier infirmier à la sortie de leur formation initiale. Le diplôme d’Etat d’Infirmier (DEI) acquis en juin 2020, véritable « diplôme Covid », a semble-t-il inquiété les jeunes professionnels, la crise sanitaire a été très « formatrice » mais sans doute aux dépens aussi de certaines autres compétences, peut-être insuffisamment acquises pour se sentir réellement sécure au quotidien.

Des données qui devrait permettre également de dégager des propositions concrètes en matière d’attractivité de la profession infirmière2 ; un facteur d’avenir qui reste préoccupant. Rappelons à ce sujet qu’une commission d’enquête du Sénat sur la situation de l’hôpital et le système de santé en France a débuté ses premières auditions. Les représentants des personnels soignants et des praticiens ont été entendus sur leur quotidien et les causes des dysfonctionnements qu’ils ont identifiés.

1– Une enquête menée par la FHF, la Fnesi et le Cefiec présentée lors de Santexpo 2021, début novembre, révèle que la moitié des ESI interrogés disent avoir été « très mobilisés » pendant la crise sanitaire, ce sur quoi s’accordent 62% des établissements accueillant des étudiants. Plus d’1/3 des IFSI estiment quant à eux que les étudiants ont été « trop mobilisés ».
2– La même enquête menée par la FHF, la Fnesi et le Cefiec souligne que 96% des ESI se disent « fiers du métier qu’ils ont choisi » mais ils ne sont qu’un tiers « à être confiants « dans l’avenir du système de santé. Une perception partagée par les Ifsi et les établissements lieux de stage.