Selon une étude nationale*, les équipes de maraudes et samu sociaux rapportent de façon très majoritaire (70%) des manques d’accès à la santé psychologique des personnes sans-abri.
L’orientation des publics en situation de rue vers les dispositifs compétents est un des piliers du travail d’accompagnement des équipes de maraudes et Samu Sociaux. La connaissance de ces dispositifs est primordiale pour 93 % des équipes. Une large majorité des équipes de maraudes se disent expérimentées (32 %) ou maîtrisent (54 %) les dispositifs d’accueil et d’accompagnement présents sur leur territoire. Les équipes de maraude ont été interrogées concernant les dispositifs manquants au regard des problématiques qu’elles rencontrent sur le terrain. Elles pouvaient donner plusieurs réponses. Malgré l’importance de ces dispositifs dans l’accompagnement des personnes sans-abri, certains restent cruellement manquants. En effet, plus des deux-tiers des équipes (70 %) déplorent un manque d’accès à la santé psychologique. Près de la moitié des équipes (48 %) constate un manque d’accueil de jour sur leurs territoires. Ces accueils inconditionnels sont essentiels dans la lutte contre les exclusions. Ils peuvent, en plus d’être des lieux conviviaux de repos et sociabilité, remplir de nombreuses fonctions comme l’accès aux droits, la domiciliation, le vestiaire ou l’accès à l’hygiène.
Le terme « ménage » définissait soit une personne seule, un couple sans enfant, une personne seule avec enfant(s), un couple avec enfant(s) ». La composition familiale est pour 80 % des ménages rencontrés des hommes isolés. Les autres publics rencontrés étaient 12 % de femmes isolées, 5 % de couples sans enfant, 2 % de familles monoparentales et 1 % de couples avec enfant(s).
Renforcer les compétences médicales au sein des équipes de maraude
Selon les équipes de maraudes, 45 % des personnes pour lesquelles des problèmes de santé étaient observés avaient des problèmes psychiques. Par conséquent, sur l’ensemble de la population interrogée, 23 % des ménages présentaient des problèmes psychiques. Pour rappel, seuls 7 % des équipes de maraudes participantes à l’étude étaient constituées de personnels qualifiés (psychologue ou psychiatre). Un fort défi cit entre besoin et moyen est ici constaté, d’autant plus que pour 70 % des équipes, l’accès à des soins psychologiques était manquant sur leur territoire. Sur l’addictologie, 56 % des personnes pour lesquelles des problèmes de santé étaient observés seraient concernées par une ou des addictions. Par conséquent, sur l’ensemble de la population interrogée, 28 % de ménages souffrent de problème d’addictologie.
Seules 25 % des équipes de maraudes bénéficient des qualifications médicales d’un infirmier et seules 7 % des équipes interrogées étaient composées d’un psychologue ou d’un psychiatre. En terme de recommandations, l’étude préconise donc qu’au regard de l’état de santé dégradé des personnes rencontrées dans la rue, il est nécessaire d’améliorer les qualifications médicales des maraudes et Samu Sociaux en s’assurant que, dans chaque département, des équipes soit constituées a minima par un(e) infirmier(e), ce en fonction des spécificités des territoires. Cette montée en compétences doit passer par l’augmentation des moyens des associations gestionnaires mais aussi par un décloisonnement des politiques publiques qui permettrait au secteur AHI (Accueil Hébergement Insertion) de tirer parti des compétences et moyens des ARS (Agences Régionales de Santé) au bénéfice des personnes sans-abri. Cette démarche doit être renforcée par la création de places médicalisées indispensables pour soulager les équipes de maraudes et Samu Sociaux face un public souffrant très souvent de multiples problèmes de santé plus jeune et plus fréquemment que la population générale.
• Étude nationale maraudes et samu sociaux sur le sans-abrisme, étude nationale 2021 (12 et 13 janvier 2021). La méthode de l’étude est basée sur deux questionnaires. Les deux questionnaires ont été envoyés à l’en-semble du réseau de la FNSS et de la FAS et de leurs partenaires en France métropolitaine et dans les DOM. Un questionnaire « maraude » s’adressant aux équipes de maraudes et Samu Sociaux était rempli pour chaque structure participante. Il s’intéressait à la composition des équipes, aux dispositifs qu’elles rencontrent sur leur territoire ainsi que sur les conséquences de la crise sanitaire dans leur travail. Un questionnaire « ménage » s’adressait aux personnes sans-abri rencontrées par les équipes lors des jours désignés pour l’étude.
