Un pair aidant français au Québec

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Un pair aidant français a pu se rendre fin octobre au dernier congrès de L'Association québécoise pour la réadaptation psychosociale. Il a également été reçu à l'hôpital Louis H. Lafontaire et à L'institut Douglas, deux institutions de soins qui collaborent activement avec les usagers en santé mentale.

Le Psycom75, et la Maison des Usagers (MDU) de Ste Anne ont lancé une invitation aux  bénévoles des différentes associations  pour  assister au congrès de lAQRP (Association Québécoise pour la Réadaptation Psychosociale) qui s'est tenu du 31 octobre au 2 novembre 2012 à Québec sur le thème "Rétablissement et pleine citoyenneté". C’est ainsi que j’ai pu me rendre à ce congrès pour y représenter l’action d’Argos 2001  et y exposer les différents programmes  menés par les différentes associations de pairs aidants à Ste Anne. (Actions menées avec la MDU et le Psychom75 : Sensibilisation à la santé mentale des élus du 14ème  et 13ème Arrondissement de Paris ; projet des pairs chercheurs avec Jean François Pelletier du Québec.)

Un voyage d’une semaine, très chargé en rencontres les plus diverses,  dans le domaine de la santé mentale, tant nos hôtes, que je remercie bien sincèrement, avaient préparé avec le plus grand soin notre programme. (Michel Perreault, Marie Gabrielle  Ayoub , à l’Institut Douglas et, Linda Fortier, à l’Hôpital Louis H. Lafontaine, ainsi que tous leurs équipiers dont l’accueil fut chaleureux et instructif… je ne peux tous les citer tant ils ont été nombreux  et attentifs : Camillo Zacchia, Janina Komaroff …)

En  rencontrant  et en discutant  avec  les « utilisateurs des services en santé mentale » au Québec, j’ai constaté qu’ils sont confrontés  également  dans leur vie à des difficultés personnelles et sociales  très  similaires  aux nôtres, en France  (désorientation, isolement , stigmatisation, et exclusion). Cependant, je reconnais  que le cadre  politique et organisationnel m’a semblé bien plus mature, ouvert et innovant qu’en  France,  en terme d’approche  psychosociale,  et de pragmatisme opérationnel pour  accompagner  le  Rétablissement et la Réadaptation.

Le discours du ministre québécois de la Santé  et des Services  Sociaux, Réjean Hébert,  invité au congrès, était très intéressant à entendre ; il démontrait  sa compréhension  fine  des enjeux sociétaux et individuels  de toutes ces questions, sans en minorer leur difficile et délicate mise en œuvre pour tous les partenaires concernés.

La gestion  de la Santé mentale évolue beaucoup au Québec ; et les principaux instituts hospitaliers  se sont considérablement réformés en quelques années pour  soutenir les utilisateurs dans leur insertion sociale, et pour leur redonner une plus grande influence dans la gestion de leur soin et de leur vie.  Ces institutions  semblent sorties d’une vision trop exclusivement  médicale et axée sur la crise. Elles travaillent désormais davantage dans la dimension sociale à la prévention en amont, et à la réinsertion en aval.Elles collaborent  de manière plus soutenue avec les pairs aidants et les « organisations communautaires » (l’équivalent de nos associations d’usagers), dont elles reconnaissent l’action et le savoir,  attachant la plus grande importance à l’évolution des pratiques et des mentalités dans la société en général, et dans leurs propres équipes en  particulier.

Dans cette approche, moins pathologisante des troubles, et beaucoup plus axée sur la réinsertion sociale, et la valorisation des pratiques de Rétablissement,  les organisations communautaires jouent un rôle essentiel, comme partenaires à part entière. Elles  bénéficient de dotations provinciales  plus conséquentes  qu’en France,  mais sont soucieuses de leur indépendance, en multipliant  l’origine  publique ou privée de leurs ressources financières. Fortes de cette optique de Rétablissement et de Citoyenneté, elles sont aussi plus conscientes de la valeur de leur propre savoir expérientiel. (Entretien avec Jean Rémy Provost, le directeur général de  Revivre, notre équivalent québécois  d’Argos2001).

Concernant le congrès lui-même, le thème principal était la nécessaire reconnaissance de la pleine Citoyenneté de toutes les personnes touchées par des difficultés mentales. Cette  approche soucieuse  des droits de chacun modifie sensiblement le rapport que la société en général entretient avec les utilisateurs de services en  santé mentale, ainsi que le rôle respectif et complémentaire des usagers et des professionnels  dans le système de soin. Beaucoup d’ateliers et beaucoup d’intervenants, accordant une très grande place   à la collaboration avec les patients, les familles et les  pairs aidants. Ce fut très  réconfortant  de constater cette évolution vers plus de reconnaissance  des pairs-aidants.

Enfin, cerise sur le gâteau,  c’est en allant de l’autre côté de l’Atlantique,  que j’ai pu connaître des intervenants français, suisses et belges,  particulièrement intéressants, et dont jusqu’ici, malgré leur proximité, j’ignorais les pratiques  … j’espère bien les retrouver prochainement  dans l’hexagone …

Un grand merci à tous ceux, qui en France, ont permis et soutenu ce voyage fort intéressant d’un pair aidant au Québec : la Conférence régionale pour la santé et l’autonomie d’Ile-de-France, Laurent El Ghozi, Aude Caria (maison des usagers du Centre hospitalier Sainte-Anne et Psycom75) et Sophie Arfeuillère  (Psycom75).  Et à Jean François Pelletier  de LH Lafontaine qui y contribuent également.

Un voyage plein de sens et d’espoir  pour apprendre et améliorer nos pratiques associatives.