Entre éthique et droit, comment mettre en oeuvre des soins qui nécessitent parfois de limiter la liberté d’aller et venir d’un patient ? Soigner sans fermer les portes est devenu au fil du temps une approche de plus en plus rare, dans un contexte administratif et organisationnel toujours plus tendu. Les usagers dénoncent des abus et les soignants eux-mêmes vivent mal ces situations. Il faut d’abord questionner les pratiques dans chaque unité de soin et pour chaque patient.
La liberté d'aller et venir en psychiatrie
Au sommaire de ce dossier
Liberté d’aller et venir : que dit le droit?
Si, en psychiatrie, il apparaît parfois nécessaire aux soins de supprimer ou de limiter la liberté d’aller et venir d’un patient, il faut néanmoins lui garantir ses droits dans le cadre des règles édictées par la société. Comment s’articulent mesures administratives et médicales ?
« Certaines restrictions de liberté sont anormales »
Adeline Hazan, Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), publie son rapport d’activité 2014. L’occasion de faire le point sur les visites effectuées dans les établissements psychiatriques et les recommandations qui en découlent.
Brève histoire de l’enfermement
En France, en matière de liberté d’aller et venir, les malades mentaux, sauf dans une brève période, ont souvent été les parents pauvres.
« Ils t’attrapent, ils t’attachent, te serrent fort… »
Libre d’aller et venir en France quand on est « psychiatrisé », mais où ? Le Groupe information asiles milite pour une psychiatrie plus humaine et respectueuse de la liberté.
Liberté et psychiatrie : les mots des usagers
Si les patients comprennent qu’il peut être « dur de travailler en psychiatrie », ils ne peuvent se satisfaire de pratiques qui les privent de leur dignité. Ils proposent des pistes d’amélioration, qui passent en particulier par une meilleure information.
Soigner « clés en main » en psychiatrie
Comment les patients vivent-ils leur hospitalisation en unité fermée ? Comment les soignants ressentent-ils le fait de travailler dans ces conditions ? Vécus croisés, prise de conscience mutuelle, une équipe soignante questionne et remet en cause ses pratiques.
Du côté de la recherche
À quoi se réfère un soignant pour répondre à la demande de sortie d’un patient hospitalisé en soins libres ? Une recherche en soins pose la question.
Le soin portes ouvertes, une pratique honteuse?
Soigner sans fermer les portes est devenu au fil du temps une approche de plus en plus rare, voire honteuse.
C’est pourtant une invention perpétuelle, où à chaque fois il faut rechercher le point qui va faire résonance avec le patient, permettre une alliance et lui donner la possibilité de se contenir.
Une liberté paradoxale en UMD
Mohammed, 40 ans, est pris en charge depuis de nombreuses années en unité pour malades difficiles (UMD), où il est régulièrement isolé et entravé. Pourtant, il semble préférer la réclusion à la liberté d’aller et venir, même après une sortie thérapeutique.
« Attention voilà Nadia! Fermez les portes! »
L’élaboration d’un protocole de libre circulation pour Nadia, résidente en Foyer d’accueil médicalisé (FAM), a permis d’évoquer le problème de ses intrusions permanentes, d’interroger le désir de protection des professionnels et la question de la liberté individuelle.
« Aujourd’hui, est-il pertinent de fermer l’unité? »
Après quelques années d’expérience d’ouvertures des portes, le chef de service d’une unité de psychiatrie en mesure l’impact pour les patients et l’équipe soignante.
Emprisonner la folie?
La liberté se définit moins par une simple capacité physique de déplacement que par le choix global d’un projet de vie, multidimensionnel, n’excluant pas la contrainte mais à construire avec le patient et son entourage.
Pour en savoir plus du N°199
Chaque mois, le réseau documentaire en santé mentale, Ascodocpsy, propose des éléments de bibliographie en lien avec la thématique du dossier : « La liberté d’aller et venir en psychiatrie ».
Et aussi dans ce numéro
La sublimation, détournement potentiellement créatif
Parcours de vie, parcours de soin…
Un groupe de travail, mis en place par l’ARS de Bourgogne, a exploré les points de rupture dans le parcours de vie et de soin des personnes en situation de handicap psychique. Mieux que personne, les « usagers », qui ont
pris activement part à ces travaux, nous éclairent sur leur vécu et leurs besoins.
Tenir bon
En rébellion permanente, Marilyn, 18 ans, reste très difficile à gérer au quotidien. Les soignants invitent ses parents à partager leurs préoccupations.
Mémoires d’atelier
Avant son départ à la retraite, Jacques, infirmier et art-thérapeute, range l’atelier. Au fil du tri, il revisite sa vie professionnelle et s’interroge : au fond, le soignant en santé mentale n’est peut-être qu’un aiguilleur de mémoire, un dépositaire…