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À vouloir éliminer le conflit, les soignants éludent l’opportunité de le dépasser. Pourquoi ne pas essayer d’accepter le dissensus comme un champ des possibles plutôt que l’évacuer et rechercher trop vite un retour à la norme ?
La négociation du soin signe peut-être la fin d’une relation ineffable entre le médecin et le patient, qui fondait une conception de l’autonomie professionnelle.
Si les psychiatres se déclarent spontanément favorables à la décision médicale partagée, dans la réalité, les pratiques restent très hétérogènes. Parfois, les praticiens usent de critères discriminatoires pour l’envisager ou non, ils explorent peu les souhaits des patients ou se réfugient derrière leur « manque d’insight ».
C’est par la relation éducative en santé que la négociation soignant-soigné naît, se construit et vit. Dans cette relation, le patient a besoin du soignant pour décider, choisir et transformer le message, qu’il peut alors s’approprier pour en faire un projet dans son quotidien.
S’appuyer sur la réalité du patient, explorer avec lui les dysfonctionnements qui l’ont entraîné dans ses difficultés, permet au psychothérapeute systémicien d’engager une négociation sur les soins et de limiter la résistance.
Avec sa thérapie centrée sur la personne, Carl Rogers ne parle pas de « négociation », terme peu utilisé à son époque. En revanche, il bouleverse la vision traditionnelle du soin psychique, en intégrant pleinement la personne en souffrance comme agent actif, membre à part entière de la relation d’aide, de son évolution et de ses résultats.
Réduire de façon déterminée le recours à l’isolement ou à la contention, c‘est prévenir
et anticiper les risques de violence et revenir à la clinique et à l’analyse institutionnelle. Repères pour engager une politique résolue et adaptée à chaque établissement.
En 2015, selon le Recueil d’informations médicalisées en psychiatrie (RIM-P), l’isolement thérapeutique a concerné 28 000 personnes hospitalisées en psychiatrie, soit 1 personne sur 12. Malgré des limites, ce recueil de données permet d’objectiver le recours à l’isolement en psychiatrie.
En psychiatrie, l’isolement en « dernier recours » pointe parfois la limite d’une prise en charge sans indiquer ce qui la justifie. Mais qu’est-ce qui déclenche une telle mesure face à la crise ?
Comment les soignants ressentent-ils la question de l’isolement et/ou de la contention ? Une étude sociologique explore la façon dont ils en rendent compte et confronte leurs pratiques à l’injonction d’en faire un usage « en dernier recours ».