Le recours à la « coercition » (1), notamment aux mesures d’isolement et de contention mécanique, est fréquent en psychiatrie. Il s’observe dans la majeure partie des pays à hauts revenus, avec cependant d’importantes disparités (entre et à l’intérieur des pays (2)). L’étude Ricochet (voir aussi l’article de C. Gandré et al, p. 18) rend compte d’une situation française qui interroge. Au-delà de la fréquence du recours à ces mesures, voire d’une augmentation de l’isolement repérée ces trente dernières années, on est surtout frappé par de très fortes disparités : tandis que des établissements semblent ne pas recourir à l’isolement et/ou à la contention, d’autres affichent des taux extrêmement élevés. L’attention est aussi souvent portée sur les seconds, notamment à la suite des visites du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) (3) ou à des documentaires (4), aux retentissements médiatiques conséquents. Cela contribue à donner une image partielle et négative de la psychiatrie française qui pourtant, et du fait d’une histoire spécifique (voir aussi l’article de J.-L. Lanquetin et al, p. 64) (5), compte des établissements qui diminuent considérablement voire ne recourent pas à ces mesures. Ils suscitent même bien souvent de l’incrédulité de la part des autres professionnels de santé. « Ils n’ont pas les mêmes patients » ; « Ils envoient leurs patients difficiles ailleurs » ; « Ils recourent davantage à la sédation » ; « Ils ont davantage de fugues » ; « Ils ont davantage de moyens ». Tout se passe comme si la possibilité d’une psychiatrie pas ou peu coercitive était impensable, voire irresponsable, au regard de la protection de la société mais aussi de celle du patient et des soignants.
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