« Pour briser le tabou des violences en milieu sportif… »

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Parce que presque chaque semaine un nouveau scandale éclate dans le monde du sport concernant le plus souvent des violences sexuelles, le Club de football Lyon – La Duchère s’engage pour la protection de « ses jeunes » en initiant le « Pôle Prévention Écoute Médiation ». Julie Junquet, la référente de ce dispositif innovant, nous en explique les objectifs.

Depuis quelques mois, les quelques 600 licenciés du Club de football de la Duchère, à Lyon, et notamment les plus jeunes, bénéficient d’un point d’écoute « physique » visant à les sensibiliser aux violences en milieu sportif. Un dispositif de prévention de première ligne unique en France dans un club sportif. Soulignons que dans le quartier de La Duchère, l’un des plus pauvres de la métropole lyonnaise, les problématiques de santé mentale découlent de conditions sociales souvent précaires. De fait, ces jeunes licenciés sont parfois plus vulnérables face à toutes formes de violence qu’elle soit physique, sexuelle ou psychologique, y compris dans le milieu sportif. Le président du Club de la Duchère, Jean-Christophe Vincent, et Julie Junquet tous deux particulièrement attachés à la protection de l’enfance de par leurs expériences personnelles, ont donc imaginé ce Pôle Prévention Écoute Médiation (PPEM).

Julie Junquet est référente du PPEM depuis octobre 2021 et, par ailleurs, secouriste en santé mentale (PSSM) et bientôt formatrice. Également art-thérapeute diplômé d’Etat, elle travaille pour l’association L’enfant bleu de Lyon qui l’a formé aux maltraitances. Pour sécuriser son rôle, à titre personnel, elle bénéficie d’une supervision d’analyse de pratiques. Elle souligne que l’objectif du PPEM n’est pas de devenir un pôle psycho-social ; la métropole de Lyon dispose déjà d’acteurs très compétents sur le sujet. 

Son profil (elle n’est ni psychologue ni thérapeute) rassure les jeunes réticents à se confier à des professionnels de santé. Julie travaille en lien avec les éducateurs sportifs et reste accessible de façon formelle (rendez-vous physique, téléphonique ou par courriel) ou informelle au décours d’un entraînement, par exemple. Ainsi les jeunes du Club (mais aussi leurs familles) peuvent se confier en toute discrétion. L’idée est de détecter les premiers signes de souffrance psychique, d’évaluer le niveau de gravité et d’orienter l’enfant vers les bons interlocuteurs pour le mettre en sécurité. Julie Junquet dispose par ailleurs d’un solide réseau (Conseil local de santé mentale de l’arrondissement, centres sociaux, MJC, CMP...) et des partenariats ont été conclus entre le Club et des associations d’aide à l’enfance mais aussi avec des établissements de soins. L’objectif est d’ancrer ce dispositif dans un maillage territorial. Une convention est ainsi en cours de  rédaction avec la clinique Saint-Vincent de Paul spécialisée dans la dépression et les troubles du comportement alimentaire. Depuis sa création, une dizaine de jeunes du Club ont déjà bénéficié du soutien du PPEM.

Sensibiliser les jeunes, informer les familles et former les éducateurs tout au long de l’année répond ainsi à l’objectif de ce pôle dont l’ambition reste de briser les tabous qui pèsent sur les violences en milieu sportif et agir aux avant-gardes. Les actions seront pérennes et diversifiées : concours créatifs, charte de la bienveillance en lien avec les enfants. L’objectif du Président, Jean Christophe Vincent, est de prouver que des actions de prévention locales de première ligne sont possibles pour protéger les jeunes contre toute forme de violences, y compris sexuelles.