Prêt de vapoteuse au CH Guillaume Régnier

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Une équipe de tabacologie de liaison propose de prêter du matériel de vapotage aux patients pour les accompagner vers le sevrage.

Les soignants constatent fréquemment la forte prévalence du tabagisme chez les patients souffrant de troubles psychiatriques (notamment psychotiques) (1), avec toutes les conséquences connues en termes de morbi-mortalité. Le sevrage reste en effet complexe et prolongé dans cette population. Depuis quelques années, la vapoteuse (ou cigarette électronique) a fait son apparition dans l’arsenal des outils d’aide à l’arrêt du tabac. Dans ce contexte, depuis 2019, au CH Guillaume-Régnier (CHGR, Rennes), l’équipe de tabacologie de liaison propose un prêt gratuit de matériel de vapotage avec consommables (e-cigarette et e-liquide) aux patients hospitalisés ou suivis en ambulatoire pour lesquels la substitution nicotique s’est révélée insuffisante. L’objectif final est d’accompagner la personne vers l’acquisition d’un matériel adapté et de la rendre autonome dans son sevrage.

En pratique, le dispositif est porté par deux infirmières formées en tabacologie. L’accès à la cigarette électronique se fait obligatoirement au cours d’une consultation tabacologique, proposée d’emblée aux patients désireux de réduire ou d’arrêter leur consommation. Elle permet d’aborder les mécanismes de la dépendance et de présenter les traitements de substitution nicotiniques mais aussi d’évaluer une éventuelle contre-indication à l’utilisation du matériel (troubles cognitifs sévères, troubles praxiques, risque de mésusage, agressivité majeure…). Pour la sécurisation du matériel (qui coûte environ 80 euros), les patients suivis régulièrement sont privilégiés. La question de la vapoteuse est explorée ensuite. S’il n’y a pas d’objection et que le patient est intéressé, le prêt s’engage, assorti de conseils, d’un livret d’information et d’un contrat de prêt. Le soutien tabacologique est poursuivi sans limite de temps en fonction des souhaits des usagers, en particulier sur l’aspect comportemental de l’addiction tabac.

Les soignantes observent que la vapoteuse est une première approche souvent « accrocheuse ». Par ailleurs, ce suivi, qui accompagne vers un mieux-être global, permet de développer une alliance thérapeutique durable. Selon un premier bilan réalisé entre juillet et mars 2021, sur 138 patients ayant bénéficié d’un prêt de vapoteuse, 45 ont arrêté leur consommation de tabac et 81 l’ont diminué.

1– Tabac et schizophrénie : aspects épidémiologiques et cliniques, A. Dervaux, X. Laqueille, L’Encéphale (2008) 34, 299-305.

Contact : A de Prin, médecin tabacologue, a.bellivierdeprin@ch-guillaumeregnier.fr