Invitée à s’exprimer lors du 2e symposium Management et Psychiatrie (MAPS)*, organisé en visio-conférence le 2 juin dernier, le Dr Déborah Sebanne, directrice du Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS), a souligné qu’en matière de numérique en santé mentale « il y avait nécessité de développer un outil référençant les dispositifs existants. »
Le CCOMS recommande ainsi de « prioriser le développement d’un outil ou d’une solution qui permette un référencement actualisé des dispositifs numériques existants, et leur évaluation par les personnes utilisatrices vivant avec un trouble psychique« . Il est en effet essentiel de contribuer à la connaissance et au développement de la e-santé mentale en tant que technologie innovante. Si cela paraît évident, le Dr Sebbane relève que la première question posée par les usagers, quand le numérique en santé mentale est évoqué, est : « Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui existe et ce qui est valide ? » Or, actuellement, en santé mentale, « nous n’en sommes pas capables. »
Enjeux et préconisations du CCOMS en matière de santé numérique en santé mentale • Promouvoir la santé mentale numérique dans une approche globale et intégrée de santé publique. • Prioriser le développement de la littératie numérique en santé mentale afin de soutenir une utilisation autonome et éclairé des outils par l’ensemble des acteurs du champ de la santé mentale (usagers, aidants et professionnels). • Favoriser le transfert de connaissances et de compétences en matière de santé mentale numérique. • Développer de nouvelles compétences métier de "médiation numérique en santé mentale" au sein des services de soins de santé mentale. • Prioriser le développement d’un outil ou d’une solution qui permette un référencement actualisé des dispositifs numériques existants et leurs évaluations par les personnes utilisatrices vivant avec un trouble psychique. • Créer un écosystème numérique de santé mentale qui soutienne le processus d’empowerment des personnes utilisatrices vivant avec un trouble psychique dans ses 3 dimensions : individuelle, collective et institutionnelle.
Le CCOMS préconise notamment de « promouvoir la santé mentale numérique dans une approche globale et intégrée de santé publique« . Selon le Dr Sebbane, cela « fait écho à la prévention de la fracture numérique, à la prévention de l’illectronisme« . Le CCOMS appelle également à « développer de nouvelles compétences métiers de ‘médiation numérique en santé mentale’ au sein des service de soins de santé mentale« .
Déborah Sebbane a cité plusieurs dispositifs innovants auquel participait le CCOMS :
– e-Men dont l’un des objectifs principal est de mettre en oeuvre des activités d’innovation en e-santé mentale en privilégiant les zones éloignées des centres urbains ;
– le programme IT4Anxiety qui vise à améliorer la prise en charge de l’anxiété par l’usage des technologies innovantes ;
– PerinAtal menTal Health (PATH), programme européen (France/Pays-Bas/Belgique) luttant contre la stigmatisation des troubles psychiques périnatals.
Elle a également rappelé que l’OMS a publié, l’an dernier, « une stratégie globale sur la santé digitale ou numérique« .
Le Dr Anais Vaglio, psychiatre au CHU de Lille, a présenté pour sa part son projet de site psychiaclic.fr dont la vocation est d’aider les médecins généralistes « à la décision médicale », notamment dans le cadre des psychoses émergentes ; un site qui devrait être opérationnel avant la rentrée de septembre 2021.
*Seconde édition du symposium MAPS – Management et Psychiatrie – sur le thème « Impacts et pilotage des innovations numériques en santé mentale » organisé en ligne le mercredi 2 juin 2021, par le laboratoire de recherche en management LAREQUOI et Prépsy (un service d’accompagnement médico-social personnalisé, d’intensité variable, pluridisciplinaire et collaboratif) en partenariat avec AgroParisTech.
