Soigner via les écrans : deux livres des éditions Erès à découvrir

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L’entretien clinique à distance, de Lise Haddouk

Après avoir exercé une dizaine d’années comme psychologue clinicienne dans un service d’accueil téléphonique, l’auteure a conçu et expérimenté un dispositif d’entretien clinique à distance via internet qui s’approche le plus possible du cadre classique. Son but n’est pas de remplacer la consultation dans le bureau du psychologue, mais d’augmenter les possibilités d’une écoute clinique, dans des situations où, pour diverses raisons, elle est limitée.

Comment adapter la consultation d’un psychologue à la relation assistée par ordinateur, tout en préservant la dimension symbolique de l’échange dans un espace tiers ? Qu’en est-il de la place du corps et du regard en visioconsultation ? Comment travailler avec la réalité psychique à distance, sans tomber dans le piège d’une relation en miroir ? Qu’en est-il des processus transféro-contre-transférentiels apparaissant dans ce cadre ?

Lise Haddouk présente ici la méthodologie et les spécificités de ces entretiens qui allient les apports des nouvelles technologies à ceux de la théorie psychodynamique. Son travail s’inscrit dans le champ de la cyberpsychologie (psychologie du numérique) à la frontière de la psychologie cognitivo-comportementale, des neurosciences et de la psychologie sociale qu’elle enrichit en intégrant l’apport de la psychologie clinique d’inspiration psychanalytique.

Lise Haddouk est docteur en psychologie, maître de conférences en psychopathologie à l’université de Rouen. Créatrice du dispositif de visioconsultation « ipsy.fr », elle est psychologue clinicienne à l’OSE (Œuvre de secours aux enfants) et en cabinet libéral à Paris.

L’entretien clinique à distance- Manuel de visioconsultation, Lise Haddouk, Erès, novembre 2016, 15 €.

Et si les écrans nous soignaient ? De Michael Stora

« Une nouvelle génération qui pense en images est née. Cette génération digitale peut vivre le meilleur comme le pire avec sa main, métaphore du moi.

J’en ai évoqué le meilleur, c’est-à-dire tout ce qui a trait aux modes d’accès au savoir, aux modes d’être, de pensée et de langage, aux modes relationnels et aux compétences aussi. Mais cette génération peut aussi connaître le pire des usages toxiques. Je ne suis pas assez naïf pour le nier.

La voie de l’avenir me semble être à mi-chemin entre la surexcitation face à tout ce que la main peut entreprendre dans le virtuel et le rejet massif des mondes numériques. J’ai choisi l’enthousiasme parce que je suis confiant dans les ressources humaines pour apprivoiser un outil encore sauvageon, et pourquoi pas, empoisonné, dont je cherche pourtant comme psychanalyste à explorer les usages thérapeutiques.

Je reste chercheur tout en estimant d’expérience que le virtuel est un outil plein de richesses pour panser des blessures. J’ai surtout voulu montrer que les mondes numériques peuvent réellement aider les enfants à grandir et les adultes à retrouver l’enfant qui est en eux, à cheval entre illusions nécessaires et désillusions constitutives. » M.S.

Cinéaste de formation, Michael Stora est psychologue et psychanalyste. Depuis 2000, où il cofonde l’OMNSH (Observatoire des mondes numériques en sciences humaines), il allie son travail thérapeutique en institution et en libéral à une grande activité de recherche, de formation et d’information sur les incidences psychiques des mondes numériques interactifs auprès de publics variés.

Et si les écrans nous soignaient ? Psychaalyse des jeux vidéos et autre plaisirs numériques, Michael Stora, Ed. Erès, coll. Santé mentale Cyberculture, mai 2018, 12 €.