N° 285 - Février 2024

Dépression périnatale et attachement au conjoint

Auteur(s) : Stéphanie VANWALLEGHEM, Psychologue, Maître de conférences en psychologie, Anne-Sophie DEBORDE, Raphaële MILJKOVITCH, Psychologues, Professeurs des universités en psychologie, Aino SIRPARANTA, Psychologue, Doctorante en psychologie, Stéphanie LECLERCQ, PédopsychiatreNbre de pages : 5
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La recherche montre que les mères qui ont une relation d’attachement insécure à leur conjoint sont plus à risque de développer une dépression périnatale et de présenter des difficultés de régulation émotionnelle.

La période périnatale, qui inclut la grossesse et l’année qui suit la naissance est un moment de vulnérabilité pour la santé psychique des femmes (Slomian et al., 2019). La dépression y est fréquente avec une prévalence estimée à 11,9 % (Woody et al., 2017), et plus spécifiquement à 17,7 % pendant la période postnatale (Hahn-Holbrook et al., 2018). Elle se caractérise généralement par une humeur déprimée, une perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités, une perturbation du sommeil et de l’appétit, une perte d’énergie, un sentiment de culpabilité, une autodépréciation, des difficultés de concentration, une irritabilité, de l’anxiété et des pensées suicidaires (Slomian et al., 2019). 

En plus des conséquences négatives pour la santé psychologique de la mère, la dépression nuit à la qualité de la relation père, mère, bébé. Un cercle vicieux s’installe : plus la mère devient triste et en colère, moins elle se perçoit compétente et plus ses difficultés s’amplifient, notamment au niveau de sa sensibilité maternelle, de ses capacités de caregiving, c’est-à-dire à prendre soin de son bébé (Slomian et al., 2019). La survenue d’une dépression périnatale est plus fréquente chez les mères qui ont intériorisé un modèle d’insécurité affective à partir de leurs expériences d’attachement (Axfors et al., 2017 ; Bifulco et al., 2004 ; Feeney et al., 2003 ; McMahon et al., 2008 ; McMahon et al., 2006 ; Hairston et al., 2018 ; Smith-Nielsen et al., 2015). Les modèles internes opérants (MIO) (1) orientent l’interprétation des situations et guident le comportement (Bowlby, 1973) (voir aussi l’article de R. Miljkovitch, p. 22). Lorsqu’elles sont « sécures », les personnes sont optimistes et ouvertes aux émotions. Elles ont confiance en leur capacité à gérer les menaces et les challenges et à mettre en place des stratégies efficaces pour réguler leurs émotions (résolution de problèmes ou recherche de soutien) (pour revue : Mikulincer et Shaver, 2019). 

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