MonParcoursPsy : 9 psychologues sur 10 disent non au dispositif

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Un an après le lancement de MonParcoursPsy, le Syndicat National des Psychologues (SNP) qui milite « pour une prise en charge adaptée pour l’ensemble de la population en souffrance psychique, et la préservation d’un accès aux consultations psychologiques« , présente un bilan qu’il décrit comme « un véritable échec ». 9 psychologues sur 10 disent non à ce dispositif !

Pour le SNP, ce dispositif passe complètement « à côté des patients » :
– pas d’accès direct aux psychologues ;
– pas de respect du rythme de chacun pour aller mieux ;
– un choix très restreint de professionnels ;
– un dispositif « pour tous » SAUF … tous ceux concernés par les nombreux critères d’exclusion que ce soit pour la prise en charge d’enfant, d’adolescent ou d’adulte.
Mais aussi « à côté des psychologues » :
– non-respect des fondements de l’alliance thérapeutique et du cadre des suivis psychologiques ;
– précarisation d’une profession engagée de longue date pour accompagner celles et ceux qui souffrent ;
– déni de la formation des psychologues en limitant leurs prise en charge aux « souffrances légères à modérées ».

Pour rappel Lancé le 5 avril 2022, MonPsy, renommé MonParcoursPsy depuis, est un dispositif qui permet, selon le site dédié, à toute personne dès l’âge de 3 ans, en souffrance psychique d’intensité́ légère à modérée, de bénéficier jusqu’à 8 séances remboursées chez un psychologue libéral volontaire, conventionné avec l’Assurance Maladie. Le tarif des séances étant fixé à 40 € pour la première séance, qui est une séance dite d’évaluation et à 30 € pour les séances de suivi. Celles-ci ne pouvant durer moins de 30 minutes.

Pour le SNP, ce dispositif aggrave donc la situation. « Faut-il s’acharner à financer ce dispositif, qui à l’issue des 8 séances réadresse les personnes vers ces mêmes structures publiques, venant ainsi encore plus dégrader leur situation de souffrance au prétexte de les soulager ». De plus, il s’agit plus « de privatiser le système de soin public plutôt que de lui allouer les moyens de fonctionner« . Enfin, ce dispositif « ne parvient pas à s’adresser à ceux qui auraient dû en profiter le plus« .

Ainsi, 93 % de la profession boycotte le dispositif, dénonçant les conséquences délétères sur l’organisation des soins en santé mentale et surtout sa propension à creuser les inégalités sociales d’accès aux soins psychologiques.

A l’issue de ce constat global , »véritable échec » selon le SNP, les propositions du syndicat s’articulent autour de deux volets distincts mais complémentaires :
– le renforcement des services publics déjà existants et des dispositifs de droit commun (CMP, hôpital…) avec la création massive de postes de psychologues ;
– la mise en place d’un véritable dispositif de consultation chez les psychologues libéraux qui implique un accès direct de la population sans passage par un médecin, sans restrictions des motifs de consultations et avec des tarifs cohérents avec ceux pratiqués par les professionnels sur le terrain.
Ces deux volets impliquent le maintien de l’autonomie des psychologues dans leurs fonctions ainsi que dans le travail mené auprès des personnes en souffrance psychique qui viennent les consulter.
Le SNP demande également de pouvoir réunir les acteurs de terrain pour pouvoir penser et construire collectivement un véritable projet d’envergure autour des soins psychiques et de la santé mentale en France.

De son côté, le ministre de la Santé et de la Prévention François Braun, se réjouit de ce dispositif qu’il juge « révolutionnaire« 

MonParcoursPsy et l'accompagnement des couples confrontés à une fausse couche
Les 1er et 8 mars derniers, la proposition de loi n° 747 visant à favoriser l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche a été discutée et adoptée par l’Assemblée Nationale. Cette loi prévoit un adressage par les médecins et les sages-femmes vers des psychologues en libéral participant au dispositif MonParcoursPsy ou vers des psychologues hospitaliers. Le syndicat national des psychologues (SNP) dénonce l’incohérence d’une prise en charge de cette problématique si particulière via ce dispositif :
- dont les premiers critères d’éligibilité sont des “troubles anxieux ou dépressifs d’intensité légère à modérée” ce qui est hors de propos lorsqu’on parle d’une interruption spontanée de grossesse;
- dont les modalités d’accueil ne permettent pas aux psychologues d’adapter les séances aux besoins particuliers de ces situations comme l’accueil conjoint du couple voire de leurs enfants si nécessaire ;
- dont la possibilité de différer ce suivi dans le temps n’a pas été envisagée pour permettre aux couples de consulter dans l’après-coup ou en cas de reviviscence lors d’une nouvelle grossesse.
Si l’intention de prendre en compte le vécu des couples confrontés à une fausse couche est absolument nécessaire, le SNP dénonce encore une fois la méconnaissance des dispositifs existants de la part de ce gouvernement et de l’appareil législatif, la volonté de calquer tout type de problématiques au dispositif MonParcoursPsy – qui n’a pas fait ses preuves quoiqu’en disent ministres et députés de la majorité –, ainsi que le manque d’ambition et l’incapacité à répondre de façon adaptée aux besoins de la population en matière de santé publique. 
Lire le communiqué de presse du SNP daté du 22 mars 2023

• « Le dispositif MonParcoursPsy : un an après un véritable échec » – Dossier de presse Syndicat National des Psychologues, avril 2023.