Covid-19 : 9 % des patients sous antidépresseurs après leur sortie de soins critiques

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Une étude sur les profils et trajectoires de prise en charge des patients hospitalisés pour Covid-19 après leur sortie de soins critiques montre des prévalences importantes de syndrome de stress post-traumatique et de dépression au décours de l’hospitalisation

Entre le 1er mars 2020 et le 30 juin 2021, 106 000 patients atteints de Covid-19 ont été admis en soins critiques. Parmi les 80 000 patients sortis vivants, 15 % ont été transférés en soins de suite et de réadaptation (SSR), cette proportion augmentant avec l’âge.

86 % des patients ne présentent pas de suivi psychiatrique ou de prise d’antidépresseurs antérieurs au moment de leur hospitalisation. Parmi eux, 9 % ont eu au moins une délivrance d’antidépresseurs dans l’année qui a suivi leur sortie. De nombreuses études internationales réalisées sur les survivants des soins critiques ont montré
des prévalences importantes (30 % des patients à six mois) de syndrome de stress post-traumatique et de dépression au décours de l’hospitalisation (Rabiee, et al., 2016 ; Parker, et al., 2015). Les données internationales concernant les facteurs de risque de syndrome de stress post-traumatique et de dépression dans les suites d’une hospitalisation en soins critiques donnent des résultats non univoques. Certaines études suggèrent un lien entre la
survenue d’un état de stress post-traumatique et des souvenirs d’expériences angoissantes en réanimation, ainsi que l’utilisation prolongée de benzodiazépines, types de médicament largement utilisés dans le cadre de la sédation des patients sous ventilation mécanique invasive (Parker, et al., 2015).

Parmi les patients ayant nécessité une ventilation mécanique invasive sans antécédents psychiatriques, le taux de délivrance d’antidépresseurs est près de deux fois plus élevé (13 %) que parmi les patients n’ayant pas nécessité une ventilation mécanique. La persistance de symptômes respiratoires et l’altération de la qualité de vie des patients, au décours de leur hospitalisation en réanimation pour Covid-19, peuvent avoir un effet sur leur santé mentale (Demoule, et al., 2022).
Concernant l’ensemble des patients sortis vivants de soins critiques pour grippe entre 2014 et 2019, 86 % ne présentaient pas de suivi psychiatrique antérieur à l’hospitalisation et/ou prise d’antidépresseurs. Parmi eux, 7 % ont eu au moins une délivrance d’antidépresseurs dans l’année qui a suivi la sortie d’hospitalisation, une proportion proche de ce qui est observé chez les patients admis pour Covid-19. En revanche, chez ceux ayant reçu de la ventilation mécanique invasive sans antécédents psychiatriques, ce chiffre s’élève à 8 %, soit près de
deux fois moins que chez les patients admis pour Covid-19.

Profils et trajectoires

  • Parmi les patients ayant nécessité une ventilation mécanique invasive, le taux de transfert en SSR s’élève à 31 % et, pour environ 40 % des cas, à cause d’une atteinte respiratoire.
  • Le taux de mortalité des patients sortis vivants de soins critiques un an après leur sortie est faible (7 %) et inférieur à celui de ceux atteints de la grippe. Le taux de mortalité en soins critiques étant plus important parmi les patients atteints du Covid-19, la mortalité totale à un an reste plus importante parmi ces derniers.
  • Huit patients sur dix admis en soins critiques pour cause de Covid-19 ne présentent pas d’antécédent de maladie pulmonaire chronique ou de suivi pneumologique antérieur à l’hospitalisation, contre six patients sur dix admis pour grippe entre 2014 et 2019. Au cours de l’année qui a suivi leur sortie d’hospitalisation, 27 % des patients admis en soins critiques et ne présentant pas d’antécédent pulmonaire ont eu au moins une consultation de ville de pneumologie.
  • Deux patients sur trois dialysés pendant leur séjour en soins critiques ne présentaient pas d’antécédents néphrologiques ; parmi eux, 19 % ont eu au moins une consultation de néphrologie en ville, 13 % ont été réhospitalisés avec un nouveau diagnostic de maladie rénale chronique et 4 % ont nécessité des séances régulières de dialyse.

Covid-19 : profils et trajectoires de prise en charge des patients après leur sortie de soins critiques, Diane Naouri, Albert Vuagnat (DREES), avec la collaboration des médecins intensivistes-réanimateurs Gaëtan Beduneau, Alain Combes, Alexandre Demoule, Martin Dres, Matthieu Jamme, Antoine Kimmoun, Alain Mercat, Tài Pham, Matthieu Schmidt, et de la Société de réanimation de langue française (SRLF), Etudes et résultats, Drees,décembre 2022, n° 1248