Le psychotraumatisme, de quoi parle-ton ?…

FacebookTwitterLinkedInEmail

La violence subie ou simplement aperçue est au cœur de la notion psychiatrique de traumatisme psychique, ou psychotraumatisme. Pour le site PsyWay, le psychiatre S. Gauthier revient sur l’histoire de ce concept, sa définition aujourd’hui et les perspectives cliniques.

La confrontation à une situation  violente, la peur pour sa propre vie, une menace pour son intégrité ou celle d’un proche, peuvent provoquer un traumatisme psychique, un psychotraumatisme. Autrement dit une perturbation aiguë ou durable, plus ou moins intense, de l’équilibre psychique. Les classifications psychiatriques ont intégré seulement en 1980 les troubles liés à des évènements traumatiques, avec la notion d’état de stress post traumatique (ESPT).

Mais l’existence de troubles psychiques d’origine émotionnelle était connue depuis longtemps

On les avait décrits notamment lors de la première guerre mondiale. En effet, de nombreux soldats présentaient  des états de confusion, des paralysies, des mouvements anormaux, parfois très intenses et durables. Mais on n’a admis qu’avec difficulté que ces troubles ne résultaient pas de lésions organiques du cerveau, ni de troubles psychiques antérieurs à la guerre. Qu’il ne servait à rien de punir ces malheureux, car les troubles n’étaient pas non plus de la simulation ou des manifestations d’insubordination. L’horreur des combats, la vision de l’atrocité, la souffrance morale, la peur extrême étaient en cause.

Névrose de guerre, névrose d’effroi, état de stress pst traumatique

Ainsi, on a nommé névroses de guerre, névrose d’effroi ces troubles que nous venons d’évoquer. Puis les psychiatres américains les ont rencontrés plus tard en grand nombre chez les vétérans des guerres de Corée et surtout du Viet Nam.

Ces psychiatres ont décrit l’état de stress pst traumatique (ESPT). Mais les désordres psychiques d’origine traumatique sont beaucoup plus larges, rejoignant par certains côtés les analyses de Freud sur l’impact des évènements traumatiques vécus dans l’enfance (1880-1900). Freud avait également analysé les « névroses de guerre » en 1920. montrant qu’elles étaient une tentative de l’organisme psychique pour apprivoiser un évènement inassimilable.

Sous le terme psychotraumatisme, on décrit aujourd’hui l’apparition, dans les suites d’une situation traumatique

  • D’une part divers états aigus, qui régressent en général assez rapidement ;
  • Et d’autre part l’état de stress post-traumatique proprement dit. Celui-ci s’installe plus tardivement, quelques semaines ou mois après l’évènement traumatique ;
  • Mais les signes de l’état de stress post-traumatique, qui sont typiques et bien reconnaissables, ne doivent pas faire ignorer les multiples troubles psychiques plus atypiques auxquelles les situations traumatiques « contribuent de façon importante » ;
  • Ainsi, l’OMS énumère les comportements à risque ou suicidaires, les difficultés sexuelles, les maladies sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées. L’OMS associe également ces troubles à différentes maladies somatiques (cancer, maladie cardio-vasculaire, diabète, hépatite ou autre maladie chronique) ;
  • En outre, l’EPST « pur » dont nous allons maintenant détailler les symptômes s’accompagne ou se complique souvent de troubles de l’attention, de fatigue, de troubles du sommeil, de troubles anxieux, dépressifs, d’addictions, de désorganisation de la vie familiale et sociale. Dans certains cas, la personnalité en semble durablement modifiée.

La suite de cet article signé par Serge Gauthier Psychiatre–Psychanalyste – Ancien responsable d’un service de soins psychiatriques est à lire sur le site PsyWay.