Pour la création d’un poste d’infirmière en chef au niveau gouvernemental

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L’Association Nationale Française des Infirmières et Infirmiers Diplomés et des Etudiants (Anfiide), soutenue par le Conseil International des Infirmières (CII), adresse une lettre au Président de la République1 Emmanuel Macron pour lui demander la création « d’un poste d’infirmière en chef au niveau gouvernemental », à l’instar de nombreux pays et comme le préconise l’Organisation mondiale de la Santé2. Nous la publions in extenso.

« Monsieur le président, membre du Conseil international des infirmières, l’Anfiide, Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et des étudiants, riche de ses multiples engagements nationaux et internationaux, souhaite aujourd’hui comme le préconise l’OMS à l’instar de nombreux pays à travers le monde, la création d’un poste d’infirmière en chef au niveau gouvernemental (GCNO – Government Chief Nursing Officer en anglais),habilitée à jouer un rôle crucial dans la planification, le développement, la mise en œuvre, l’évaluation des politiques de santé et du système de santé.

La pandémie a montré la force, le courage, le travail de l’ensemble de la profession infirmière. Très unie,
elle a également montré une prise de conscience aiguë de l’intérêt collectif avec notamment l’instauration de
partenariats et de collaborations innovants au service des malades dans tous les environnements de soins.
Cette crise doit servir de catalyseur pour que les infirmières participent à tous les niveaux des prises de décision et fassent entendre leur expertise dans la sphère politique.

La profession infirmière française compte aujourd’hui près de 750 000 infirmières. Notre groupe
professionnel a été contraint de s’adapter aux évolutions du système de santé sans toujours être consulté dans les processus de prise de décision. Avec une haute conscience des besoins de la population et du service rendu auxquels elles contribuent, les infirmières sont très engagées au sein de nos instances professionnelles, associatives, syndicales, ordinales et collégiales, afin de relever les défis de santé dans une société en perpétuelle mutation.

La force de nos effectifs, la confiance élevée de nos citoyens, notre contribution permanente à défendre
la santé pour tous, notre habitude réflexe du partenariat interprofessionnel, renforcent cette vision
systémique nous amenant à postuler qu’aujourd’hui plus que jamais la communauté infirmière doit
contribuer au processus d’élaboration des politiques de santé.

Je vous remercie de l’attention que vous vous voudrez bien porter à cette proposition et vous prie d’agréer
Monsieur le président, l’assurance de ma très haute considération.

Brigitte Lecointre, Présidente de l’Anfiide, soutenue par Annette Kennedy, Présidente du CII.

En parallèle, dans une lettre de soutien à l’Anfiide adressé à Emmanuel Macron, Annette Kennedy, Présidente du Conseil International des Infirmières précise :

« (…) Les GCNO (Government Chief Nursing Officer) ont une place cruciale quant à l’amélioration de la santé et des réformes politiques, mais aussi pour faciliter l’intégration des soins de santé et pour aligner la pratique infirmière sur le continuum des soins. En plus de soutenir les besoins et les politiques de santé au niveau national, les GCNO sont souvent amenées à travailler avec d’autres pays et organisations internationales pour renforcer les efforts mondiaux d’amélioration de la santé et du bien-être. Comme l’a clairement démontré la pandémie de COVID-19, les besoins en matière de santé vont souvent au-delà des frontières nationales, et un travail important est nécessaire pour coordonner la réponse, la planification, la prévention, la préparation et d’autres questions liées aux soins et aux ressources humaines. Les GCNO ont un rôle vital à jouer et leur expertise peut contribuer de manière substantielle à l’élaboration des politiques de santé, à la mise en place des systèmes de santé et à l’utilisation optimale du personnel infirmier, afin de planifier et de coordonner la profession infirmière pour répondre au mieux aux besoins de la population qu’elle sert. En janvier 2020, le CII a demandé aux gouvernements de créer ce poste essentiel afin d’atteindre les objectifs nationaux en matière de santé et d’améliorer l’accès et les résultats des soins de santé pour les individus, les familles et les communautés. Depuis lors, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance vitale du rôle du GCNO pour garantir la satisfaction des besoins de santé de la population.

Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé sur l’état des soins infirmiers dans le monde indique que
« Le leadership et la gouvernance sont des aspects essentiels du renforcement du personnel infirmier ». Une des actions recommandées dans le rapport est de « créer un poste de directeur général des soins infirmiers au niveau de l’administration centrale, chargé de renforcer ces ressources humaines et de contribuer aux décisions stratégiques en matière de santé, et à le doter des moyens nécessaires. Le directeur général des soins infirmiers doit piloter les travaux de renforcement des données sur le personnel infirmier et conduire un dialogue stratégique aboutissant en des décisions stratégiques à bases factuelles pour l’investissement dans cette catégorie d’emploi. »

1- Copie à Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé
2 – Rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé sur l’état des soins infirmiers dans le monde. L’OMS propose de « créer un poste de directeur général des soins infirmiers au niveau de l’administration centrale, chargé de renforcer ces ressources humaines et de contribuer aux décisions stratégiques en matière de santé, et à le doter des moyens nécessaires. »