Un dispositif d’accompagnement et de soutien aux endeuillés a été mis en place au CHU de Lille pour prévenir des deuils complexes.
D’emblée, l’épidémie de covid-19 a rapidement provoqué de nombreux décès. Les restrictions drastiques de visites en services de réanimation et de présentation des corps de défunts, l’interdiction des rassemblements et des rites funéraires habituels ont alors sérieusement compliqué le deuil des proches. De mars à mai 2020, les règles de confinement strict ont compromis le renforcement du tissu social qui vient habituellement soutenir les endeuillés, augmentant alors le risque de complication de deuil. C’est dans ce contexte, qu’a été créé le Dispositif d’accompagnement et de soutien aux endeuillés de la covid-19 (Dasec) au CHU de Lille, devenant ainsi l’un des premiers dispositifs de ce type mis en place par un établissement de santé.
Le Dasec s’appuie sur une équipe composée de psychologues, d’assistantes sociales et d’un psychiatre. En pratique, il s’agit de contacter par téléphone les familles endeuillées, dans un délai d’un à quatre jours, pour les écouter et leur permettre une mise en sens de ce qu’elles vivent. Si la personne le souhaite, il est possible de fixer d’autres RDV téléphoniques, de solliciter une assistante sociale en cas de difficultés administratives ou financières. Si besoin, elle peut être orientée vers son CMP ou un professionnel libéral. Au-delà de ce soutien, cette démarche d’évaluation, d’orientation et de prévention psychosociale, vise aussi à faciliter d’éventuels soins précoces de deuils complexes et d’éviter les prises en charges tardives en urgences.
Rapidement, de très bons retours sont remontés, de la part des personnes contactées et des services d’hospitalisation où s’étaient produits les décès. Ce dispositif a donc été étendu à d’autres situations de décès traumatique : enfant hospitalisé, proche hospitalisé depuis peu de temps (moins de 48 heures), suicide, obstacle médico-légal à l’inhumation.
« Si certains soignants craignaient de “déranger” les personnes endeuillées, l’expérience montre à l’inverse que les familles ont apprécié leur sollicitude et leur ont généralement réservé un accueil bienveillant. »
Le projet d’un Réseau régional de soutien aux personnes endeuillées et situation traumatique (RéSPET) a ensuite été élaboré pour l’ensemble de la région des Hauts-de-France. Il s’appuiera d’abord sur une collaboration avec les associations et les services de psychiatrie et de médecine légale du CHU d’Amiens, du CH d’Arras (centre hospitalier central géographiquement dans les Hauts-de-France) et du CH de Valenciennes (centre hospitalier général le plus important des Hauts-de-France).
• Contact : Axel Bastien, axel.bastien@chru-lille.fr
