Téléconsulter, un nouveau réflexe chez les jeunes ?

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À l’occasion de la conférence « Santé connectée et téléconsultation », donnée le 20 juin dans le cadre du Off de Futur.e.s in Paris,  le Lab e-Santé a communiqué des résultats de l’étude « Les “digital natives” et leur médecin : quels accès aux soins, quelles attentes ? », qui a interrogé des étudiants affiliés à deux mutuelles proposant la plateforme de téléconsultation MédecinDirect. Principal enseignement, ces étudiants privilégient l’usage de la téléconsultation pour obtenir des conseils médicaux, avant d’y voir un nouveau mode de délivrance d’une prescription.

Téléconsulter, le nouveau réflexe santé ?
Pour répondre à cette question, Le Lab e-Santé a initié une étude pour comprendre les usages et attentes des étudiants de moins de 30 ans par rapport à leur médecin et identifier leur appétence ou non à une relation « à distance » avec lui. Menée en ligne, en deux vagues (janvier et mars 2018), cette étude a recueilli l’opinion de 2 597 répondants de moins de 30 ans affiliés à deux mutuelles étudiantes, MGEL et Vittavi, partenaires de la plateforme de téléconsultation médicale MédecinDirect. À noter, 3 répondants sur 4 sont des répondantes et 99 % résident en province.

Le rapport au médecin chez les jeunes étudiants, ça dépend du profil…
Au terme de l’étude, 3 principaux profils ont pu être dégagés en fonction de leur rapport avec leur médecin.
• Étudiante en droit à Grenoble, Nathalie, 23 ans, habite chez ses parents et consulte son médecin généraliste pour le renouvellement de sa pilule. Depuis quelques temps, elle décrit l’apparition d’épisodes de migraines mais n’a pas consulté car elle ne trouve pas de date qui lui convienne. Inquiète, elle attribue ce phénomène à un contexte de conflit intrafamilial avec sa mère au sujet de son nouveau copain. Au final, le médecin lui recommande de changer de mode de contraception car il évalue assez probable que les migraines soient en rapport avec
le cycle menstruel. Nathalie, comme une majorité de jeunes femmes, consulte plus que les jeunes hommes et attend de son médecin une écoute et relation de confiance. Le fait d’habiter avec ses parents favorise également la fréquence de ses consultations. À l’opposé des jeunes hommes, Nathalie renonce plus fréquemment aux soins en raison de question de compatibilité d’agenda.

• À 21 ans, Pascal a quitté le domicile familial en province et est en école d’ingénieur à Paris. Consommateur régulier d’alcool, il n’en a pas parlé à son médecin traitant qu’il n’a pas vu depuis son emménagement à Paris et ne lui a donc pas non plus parlé de ses problèmes de santé. Devant partir pour le Brésil dans le cadre d’un programme humanitaire avec son école, il a décidé de faire une téléconsultation pour avoir l’ordonnance du vaccin contre la fièvre jaune. Comme la très grande majorité des étudiants (femmes ou hommes), Pascal consulte peu pour des difficultés personnelles ou des questions de prévention. De plus, comme toutes personnes présentant des signes d’addiction, il fait moins attention à cette dernière et considère que son besoin de consultation n’est pas si important. À l’instar de ceux qui ont quitté le cocon familial, et donc à l’opposé de Nathalie, il renonce plus facilement aux soins.

• Originaire d’Ile-de-France, Nathanaël a 25 ans et étudie la littérature française à Nanterre. Il cumule les petits jobs pour financer ses études et arriver à boucler ses fins de mois. Les paquets de pâtes et de cigarettes passent largement devant le sport… Il aimerait pourtant arriver à s’arrêter de fumer mais entre ses difficultés financières et le risque de prise de poids supplémentaire alors qu’il a déjà un IMC de 33, il ne sait pas vraiment comment gérer la situation. Même touché par un problème chronique, le tabac en l’occurrence, Nathanaël comme la majorité des étudiants, consulte moins que les étudiantes. Il émet également moins d’attentes en termes d’écoute et de confiance de la part de son médecin. Pour lui, les questions budgétaires sont une cause de renoncement aux soins, même si elles ne sont pas majoritaires.

Téléconsulter : oui, mais pour une bonne raison !
Pour 69 % des étudiants et 64 % des étudiantes, la consultation à distance est une réponse adaptée pour avoir un conseil médical. Pour respectivement 78 % et 74 %, elle pourrait leur éviter de se déplacer et leur paraît plus facile et plus rapide (65 % et 57 %) surtout lorsqu’ils sont loin de chez eux (64 % et 62 %).
Concernant le prix de la téléconsultation, à une courte majorité (54 %), ils pensent qu’elle devrait être moins chère qu’une consultation en face-à-face et près d’1 sur 4 (26 % des étudiantes et 23 % des étudiants) pensent qu’elle devrait même être gratuite. À noter que si les diplômés du supérieur sont plus enclins à payer plus, les étudiants ayant une propension au renoncement sont plus favorables à la gratuité.

Au final, ils semblent tous d’accord pour dire que la téléconsultation, c’est d’abord pour obtenir des conseils (85 % des étudiantes et 87 % des étudiants), puis obtenir un deuxième avis (68 % et 69 %). Pour sa part, la délivrance d’une ordonnance n’obtient qu’un petit satisfecit avec 46 % des étudiantes et 44 % des étudiants pensant que la téléconsultation s’y prête.

Au-delà des résultats chiffrés, cette étude, menée par le Lab e-Santé, montre que le développement de la téléconsultation représente un enjeu de santé publique envers une population jeune. Elle pourrait contribuer à améliorer l’accès aux soins et favoriser l’adoption de réflexes santé (prévention, prise en charge des addictions…), bénéfiques à long terme.