Les infirmières représentent aujourd’hui près du quart des effectifs des hôpitaux. Néanmoins si le terme d’infirmière réfère à un métier, il occulte les formes réelles et détaillées de l’emploi occupé et du travail réalisé. Une étude qualitative sur l’emploi du temps propose donc un panorama des formes concrètes du travail infirmier en s’appuyant sur des entretiens qualitatifs réalisés auprès d’une soixantaine d’infirmières exerçant dans 10 établissements différents (dont la psychiatrie). L’étude s’arrête dans un premier chapitre sur le temps de travail, les horaires et les plannings qui dessinent des cadres d’emploi très variés puis dans un deuxième chapitre sur le temps de travail comme révélateur des métiers d’infirmière avec en particulier la notion d’intensité et de charge perçue. Si les infirmières sont identifiées pour avoir un métier exceptionnel par les sujétions qu’il impose, les chercheurs relèvent « qu’il ne faut pas préjuger du caractère contraignant de ces sujétions ». Selon eux, en début de carrière, « on entre à l’hôpital sans se poser la question des horaires », choisissant plutôt un poste en fonction de ses appétences, des recrutements ouverts et du lieu. Une fois en poste, l’appréciation de la qualité des horaires de travail se fait selon la compatibilité des horaires avec la vie personnelle et l’appréciation portée sur les modalités de gestion de ces horaires.
Les auteurs avancent également que l’hôpital a pour défaut de ne pas offrir beaucoup de temps solennisés pour discuter de ce qui fait « un bon travail », mais aussi de ce qui le rend supportable quand il expose régulièrement à la souffrance. En dehors de quelques services ou de quelques cultures (psychiatrie, soins palliatifs), il n’existe que des temps informels (la pause, les repas), pour se saisir de ces questions.
Par ailleurs, l’étude pointe qu’il est manifeste que « le travail en 12 heures se développe, même s’il est difficile de savoir avec quelle ampleur. » Ce rythme, source d’économies pour l’établissement, permettrait une meilleure continuité des soins et une plus grande autonomie, cependant que la fatigue en fin de poste pourrait être porteuse de risques. Cette modalité « fait débat » chez les professionnels, même si à l’aune du nombre de jours de repos, la mesure est attractive, avec « une demande sociale soutenue, particulièrement chez les jeunes. » Dans l’ensemble, l’étude conclut que « les infirmières rencontrées sont assez satisfaites de leurs horaires ».
- Étude qualitative sur le thème de l’emploi du temps des infirmiers et infirmières du secteur hospitalier. Julie Micheau, Éric Molière, Document de travail, Série Études et recherche, n° 132, Drees, novembre 2014. www.drees.sante.gouv.fr