Les patients schizophrènes plus sensibles à la douleur

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Une étude présentée au congrès 2013 de la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD) révèle que les patients schizophrènes traités et stabilisés sont plus sensibles que les sujets témoins à la douleur et aux émotions négatives.

Une insensibilité à la douleur a souvent été décrite chez les patients souffrant de schizophrénie. Pourtant, peu d’études ont exploré ce sujet et les résultats sont contradictoires. Le but de cette étude était de savoir si des patients traités et stabilisés avaient une sensibilité à la douleur perturbée. Afin d’étudier les réactions face à la douleur les chercheurs ont induit la douleur avec des stimulations électriques sur la main. Ils ont mesuré les réponses subjectives (cotations sur des échelles visuelles analogiques) et objectives (EEG) à la douleur, chez 18 patients et 18 sujets contrôles appariés sur l’âge, le sexe et le niveau d’étude. La douleur étant une sensation complexe déterminée par des mécanismes multiples, ils ont évalué en parallèle plusieurs processus impliqués dans le traitement de la douleur : les réactions à des images négatives ou neutres, le dosage de cortisol et de l’ACTH avant et après les stimulations, et la perception du temps, liée aux capacités d’anticipation.

Les résultats montrent que les patients inclus ne sont pas insensibles à la douleur. Bien au contraire, leurs évaluations subjectives ainsi que les potentiels évoqués précoces montrent qu’ils sont même plus sensibles que les sujets du groupe contrôle. En outre, ils sont plus réactifs aux images et montrent une augmentation du cortisol et de l’ACTH.  L’ensemble des mesures suggèrent de manière cohérente que les patients traités et stabilisés sont plus sensibles que les contrôles à la douleur et aux émotions négatives. La perception du temps est également perturbée. En se basant sur le caractère très précoce des anomalies à l’EEG et les perturbations de la perception temporelle, les chercheurs proposent l’existence de difficultés à anticiper et inhiber une douleur prévisible chez les patients (résumé des auteurs).

Duval, C.Z. (1,2,3), Goumon Y., Dufour, A., Vidailhet, P. (1), Kemmel,V., Poisbeau, P., Mensah, G., Salvat, E., Muller A., Schmidt Mutter, C., Giersch, A.(1)

1 INSERM U1114, Fédération de Médecine Translationnelle de Strasbourg (FMTS), Dept of Psychiatry, University Hospital of Strasbourg; 1, pl de l’Hôpital, 67000 Strasbourg, France

2. Fondation FondaMental, Créteil 94000, France

3. Fondation APICIL, 21 Place Bellecour, 69002 Lyon