30 Mars 2017

Soigner la psychose…

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Une folie ?

Saint-Nazaire (44)

4e journée d'étude organisée par le Groupe Inter Départemental (GID) en santé mentale.

Si nous étions tous fous, au sens de Tosquelles, il y aurait la folie (ce qui fonde l’humain) et pas de maladie mentale (expression de la norme sociale). Discours engagé et provocateur…  Pourtant lorsqu’on veut mettre la folie au centre, on voit bien qu’elle est aussitôt reléguée aux marges, elle dérange ! Il n’y a qu’à penser aux reproches faits lorsque des patients sortent trop  tôt ou à l’indignation exprimée lorsqu’ils sont privés de liberté. Finalement, la folie fait peur. La société s’accorde à dire qu’il faut la soigner mais tolère mal sa proximité. « On construit des  asiles pour faire croire à ceux qui n’y sont pas enfermés qu’ils ont encore la raison » (Montaigne). Alors, soigner la psychose, serait-ce une folie ? Si on parlait de la guérir, assurément, nous  passerions pour des fous. Qu’à cela ne tienne, cette rencontre avec la personne souffrant de psychose, c’est une rencontre avec l’autre, avec un frère même. Plus simple d’aller vers la névrose, le traumatisme… Qu’en est-il de la rencontre avec la personne psychotique, que dire de nos ressentis ? Les fous ont besoin d’amis infirmiers pour vivre avec la maladie chronique. Mais cette folie, est-ce bien raisonnable de l’accueillir sans vouloir la réduire au risque de réduire l’autre à soi-même ? Dans ce cas, ce serait bien une folie encore plus grande ; on pourrait  presque inverser les termes et dire que soigner la folie, ce serait une psychose. Alors on ne serait pas là par hasard comme on se le dit souvent : est-ce un grain ou un noyau ? Soigner la  psychose, serait-ce « simplement » être là, avec, en rêvant, en faisant de la poésie, en jouant avec les mots, avec nos maux. Einstein disait : «Tout ce qui se compte ne compte pas et tout ce  qui compte ne peut pas se compter ». Qu’est-ce qui est thérapeutique dans nos ateliers? Quel héritage pouvons-nous transmettre à nos successeurs, qu’attendent-ils de nous? Travailler  à l’acceptation de ce regard extérieur sur nos pratiques, des représentations sociales sur la folie, continuer à dire et à nommer ce que nous essayons de faire et résister à la normalisation,  penser la folie comme le noyau de l’être humain. C’est à cela que cette journée d’étude vous convie ; nos folies, raisonnables, résonnent et se font l’écho d’autres folies qui échouent ou  réussissent, selon que l’on veuille soigner ou guérir.
 
Rens. :
 
Caroline Philippe
 
Tél. : 02 40 70 82 55