Journées francophones de sexologie et de santé sexuelle
Pourquoi vulnérabilités et sexualités ?
Pouvant se définir comme une plus grande « potentialité à être blessé », la vulnérabilité renvoie à des caractéristiques sanitaires et/ou à des situations sociales multiples et inégales (tableau). Qu’elle soit structurelle, catégorielle et/ou contextuelle, son statut inhérent de fragilité/faiblesse réclame éthiquement aide et protection car il oblige à s’interroger à la fois, sur la prévention (risque d’être blessé) et les réponses soignantes (le fait d’être blessé) qui concernent potentiellement 50 millions de français(es), seul(e)s ou en couple1. Malheureusement, en termes de vécus et de besoins, la sexualité représente trop souvent une « double peine » du fait : a) d’une prévalence significativement plus élevée de dysfonctions sexuelles/intimes mais avec les mêmes impacts négatifs sur le bien-être et la santé non sexuelle (physique, mentale, sociale) à l’origine des mêmes insatisfactions, souffrances et solitudes, b) des iniquités et de la pauvreté des réponses tout au long de leurs parcours de soins et de vie, liées à l’ignorance, à l’inertie et aux tabous/idées reçues. Pourtant, quoique la sexualité soit facultative, les personnes vulnérables ont les mêmes droits de bénéficier d’une vie intime/sexuelle satisfaisante. Dans la vraie vie, presque tous sont intéressés au minimum par des informations et deux tiers environ par un traitement, la sexualité étant pour eux, une source de plaisirs et de bien-être ainsi qu’un facteur de lien social et de résilience1. Facteur aggravant, la santé sexuelle et la vie intime peuvent être par elles-mêmes, sources de vulnérabilité en cas de dysfonctionnements biologiques (d’origine iatrogène ou non), de difficultés psychosociales ou environnementales, de stéréotypes sociétaux, de manque de savoirs, etc.
Quels sont les défis actuels ?
Répondre aux besoins non satisfaits, lutter contre les iniquités et inégalités, prévenir ou corriger les dysfonctions sexuelles/intimes, sensibiliser l’ensemble des professionnels à l’importance médicale de la santé sexuelle et à sa promotion, s’approprier et partager les savoirs expérientiels des populations vulnérables sont autant de défis et de priorités contemporaines de santé publique (2). La SNSS 2017-2030 a été une première réponse. En l’officialisant « priorité nationale de santé publique », la santé sexuelle est devenue l’affaire de tous. L’AIUS, membre de son comité de pilotage, s’est beaucoup investie dans son axe IV en proposant un plan en 8 axes stratégiques (1). La santé sexuelle, levier important de préservation ou d’amélioration de la santé globale et du bien-être, doit désormais faire partie intégrante :
a) de la pratique clinique routinière, notamment des très nombreux professionnels s’occupant de personnes vulnérables et/ou de la santé de la femme,
b) du bilan de prévention systématique aux trois âges clés (25, 45 et 65 ans).
Que conclure ?
Les JF3S offriront l’opportunité de : a) décoder les connexions multi et interdisciplinaires entre vulnérabilités et sexualités, mal connues des professionnels de santé, b) mieux connaitre les actions proposées par l’Aius pour répondre aux demandes hétérogènes et à la souffrance de millions de personnes, et leur éviter un ressenti de « misère sexuelle et affective ». 25 ans après la révolution induite par la fameuse « pilule bleue », le monde de la santé doit enfin s’approprier dans la routine clinique, les deux déterminants majeurs de bien-être et de santé globale que sont la santé sexuelle et la vie intime/sexuelle. Le but affiché de la SNSS (« assurer un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social lié à la sexualité de la naissance à la vieillesse pour l’ensemble de la population ») s’inscrit dans un processus de bientraitance d’autant plus indispensable que ce care ou « prendre soin » s’adresse à des personnes ou populations en situation de vulnérabilité(s).
Rens. : www.jf3sexo.fr, jf3s@overcome.fr, +33 (0)1 40 88 97 97