12e Rendez-vous de l’Internationale des Forums et 8e Rencontre internationale de l’École de psychanalyse des Forums du Champ lacanien
Aujourd’hui l’angoisse, sous des noms divers, est partout. C’est un affect éprouvé par tous les parlants et de toujours. Lacan la rangeait dans la catégorie du sentir qui engage des manifestations corporelles majeures. Pourquoi s’évertuer à la faire parler plutôt que de la faire taire, comme on s’y emploie avec l’usage massif des anxiolytiques et autres tranquillisants ?
C’est qu’on suppose qu’elle a quelque chose à dire mais encore faut-il trouver le moyen de la faire parler. Car pour le sujet angoissé, cet affect est une certitude mais de l’ordre d’une indétermination, d’un indicible sur ce qui la génère. La faire parler, certes, mais encore faut-il qu’on puisse la croire. Sur ce point, la clinique analytique nous a appris que l’angoisse est le seul affect qui ne trompe pas, alors que tout senti ment sur sa cause. Néanmoins comment l’angoisse peut-elle ne pas tromper alors que pour l’angoissé, qui l’éprouve, sa cause reste énigmatique ? C’est qu’à la différence des autres sentiments, qui dérivent métonymiquement avec les signifiants, elle reste arrimée à ce qui la produit, soit un réel. Sa certitude clinique nous indique qu’elle se réfère, non pas au signifiant trompeur, mais bien à un réel. D’où l’importance de la faire parler afin de cerner le réel en jeu pour le sujet qui en est affecté. Lacan en a même fait tardivement “le symptôme-type de tout avènement du réel”. À nous d’en préciser les différentes occurrences. Quelques orientations cependant.
Avec cette formule il englobait ce qu’il avait pu en dire jusque-là, y compris une partie des thèses de Freud. Conçue à l’origine comme un effet du refoulement, résultat de la privation pulsionnelle que le refoulement implique, en 1926 avec Inhibition, symptôme et angoisse et ses Addenda, Freud inverse sa thèse. L’angoisse devient la cause du refoulement, son moteur. À l’effet de castration accompagné de l’angoisse du manque, lié aux déceptions premières de l’enfant face à l’Autre parental qui fait défaut à répondre à ses demandes, Freud élargit l’angoisse à l’effet de la rencontre traumatique de toute névrose. Affect d’une situation de détresse – Hilflosigkeit – qui laisse l’enfant sans recours dans sa rencontre réelle avec l’excitation pulsionnelle et son exigence de satisfaction, cause du refoulement et de la survenue des symptômes. L’angoisse de ce premier trauma devient ensuite signal d’alarme, avertisseur d’un danger.
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