Dépression : du mal-être à la maladie

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Dans une perspective de santé publique, les troubles dépressifs sont indéniablement un fardeau, mais restent insuffisamment considérés, du fait entre autres d’un «malentendu» lié au terme «dépression», en tension entre un usage courant, familier et un usage savant, biomédical. Dans ce contexte, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) objective un phénomène en augmentation, via deux enquêtes sur les chiffres de l’Épisode dépressif caractérisé (EDC) dans le Baromètre santé 2017. L’EDC est un indicateur pris en compte depuis 2005.

– Selon la première étude en population générale, près d’une personne sur dix avait vécu un EDC au cours des 12 derniers mois (9,8%). Les femmes, notamment celles âgées de 35-44 ans, les personnes de moins de 45 ans, les chômeurs et autres inactifs, les personnes veuves ou divorcées et les personnes déclarant de faibles revenus présentaient les niveaux de prévalence les plus élevés. Après une stabilité observée entre 2005 et 2010, la prévalence de l’EDC a augmenté de 1,8 point sur la période 2010-2017 ; cette augmentation concerne là encore davantage les femmes, les 35-44 ans, les chômeurs et les individus déclarant des revenus faibles. Pour les chercheurs, la prévalence élevée de la dépression et son augmentation au cours des dernières années plaident pour un renforcement des dispositifs de prévention et de prise en charge en particulier à destination des populations les plus vulnérables.

– Alors que les troubles dépressifs sont responsables de 35 % à 45 % des arrêts de travail, la seconde recherche s’est intéressée à la population active, parmi laquelle on relève un taux de prévalence d’EDC de 8,2 %. Les femmes présentaient une prévalence deux fois plus élevée que les hommes (11,4 % vs 5,3 %). Les taux de prévalence étaient significativement différents chez les hommes selon le secteur d’activité, les plus touchés étant l’hébergement et la restauration ainsi que les activités financières et d’assurance. Alors que le milieu du travail est un environnement favorable pour développer des actions de promotion et de prévention en santé mentale, ces résultats devraient permettre d’orienter des actions de prévention (notamment dans les secteurs d’activité les plus touchés).

À noter, ce numéro présente également une étude qui pointe l’augmentation du recours aux soins pour troubles anxieux entre 2010 et 2014. 1,3 million de patients ont ainsi été pris en charge en psychiatrie en 2014, soit une hausse de 3,7 % chez les hommes et 3,6 % chez les femmes.