PHRIP 2024-2025 : où est passée la psychiatrie ?

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Dans son dernier bulletin, l’Association pour le développement de la recherche en soins en psychiatrie (ADRpsy) déplore la très faible représentation des projets de recherche en santé mentale et psychiatrie, sélectionnés dans le cadre du programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP) 2024-2025. Analyse.

Les résultats tant attendus des appels à projet de recherche PHRIP 2024-2025 sont parus récemment. Et ce constat : sur 21 projets lauréats, seuls 2 concernent la santé mentale et la psychiatrie. Un chiffre comparable aux années précédentes. Une situation d’autant plus décevante que 2025 a été déclarée « Grande cause nationale pour la santé mentale ». Un chiffre faible alors même que la santé mentale bénéficie d’une meilleure visibilité nationale : un espace ouvert aux possibles, mais trop peu fréquenté par la psychiatrie?

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation :

  • la prédominance de modèles quantitatifs de type essais contrôlés randomisés (RCT), souvent peu adaptés aux spécificités de la psychiatrie et à ses interventions complexes
  • une dynamique de recherche infirmière en psychiatrie à soutenir et à renforcer
  • les contraintes fortes sur le terrain, qui réduisent la capacité des professionnels à développer des projets de recherche.
    Pour autant, les besoins d’évolutions et d’innovations sont bien présents, peut être encore plus qu’ailleurs. La recherche reste un levier essentiel pour relever les défis de la psychiatrie. Notons que les autres programmes (PHRC, PREPS, PRME) souvent plébiscités par le monde médical ont également eu peu de lauréats de la spécialité psychiatrique.

L’horizon reste ouvert. Le programme 2025-2026 offre une nouvelle occasion de se mobiliser : la DGOS a annoncé que la psychiatrie et la santé mentale sont toujours des axes prioritaires, aux côtés d’autres thématiques comme la pédiatrie, la santé des femmes ou les soins palliatifs. Les projets s’inscrivant dans ces priorités bénéficieront d’une attention particulière dans le cadre du PHRC-N, PHRCI, PREPS, PRME et PHRIP.
Le moment est venu pour les professionnels psychiatriques – infirmiers, ergothérapeutes, pairs aidants, psychomotriciens, cadres, médecins – de proposer des projets ambitieux , en phase avec les problématiques actuelles. Espérons aussi que le programme soit ouvert à la diversité des approches méthodologiques.

Date limite de dépôt des lettres d’intention : 9 décembre 2025 (Note d’information campagne 2025-2026 )

Dans ce contexte nous adressons nos chaleureuses félicitations à Claire Guepin, psychomotricienne au CHU de Lille avec son projet lauréat Bodytrauma, (financé à hauteur de 620 000 euros) et Baptiste Gaudelus IPA au CH Le Vinatier, dont le projet EDEN (financé à hauteur de 320 300 euros) illustre la démarche participative, en résonance avec la thématique des RRSpsy 2025. Des réussites qui montrent la voie et encouragent d’autres initiatives.

Plus que jamais, la psychiatrie a besoin d’une recherche infirmière et en soins forte : mobilisons-nous, gagnons en force et en visibilité, favorisons les échanges et la créativité, rejoignez l’ADRpsy !

Pour mieux comprendre ce qu’est un PHRIP et ses attendus, vous pouvez (re)visionner l’intervention de Aline Guerci PhD , responsable de la recherche à la DGOS, présente aux 6es RRSPSY en 2020. Elle rappelait d’ailleurs que les infirmiers pouvaient aussi candidater à d’autres programmes de la campagne, encore plus ambitieux, avec des fonds souvent encore plus importants. L’ADRPSY vous propose d’accéder gratuitement à son intervention


Objectifs de l'ADRpsy

- Promouvoir, produire, soutenir et développer la recherche en soins infirmiers et métiers de la santé en psychiatrie et santé mentale.

- Approfondir la réflexion épistémologique, méthodologique et praxéologique.

- Diffuser une culture de recherche, en favorisant la lisibilité et l’accessibilité des résultats et des publications scientifiques.

- Se positionner comme interlocuteur des politiques publiques, à travers la promotion de l’intégration des connaissances issues de recherche dans les pratiques professionnelles concrètes, en France, en Europe et au niveau international.

- Être centre ressource pour les établissements de santé dans la mise en place de leur dispositif de recherche en soins psychiatriques.

- Favoriser l’émergence de rencontres et de partenariats de recherche francophones et internationaux.

- Organiser des journées de manifestations, ponctuelles ou annuelles, et notamment les Rencontres pour la Recherche en Soins en Psychiatrie.