Basée sur la collecte de données in situ, avec la participation de volontaires devant des œuvres d’art, une recherche vise à objectiver les bénéfices de visites au musée dans l’anxiété, la dépression ou certaines pathologies neurologiques.
On reconnaît généralement qu’intégrer l’art à la vie améliore la santé globale et le bien-être. Lancée en septembre 2024, dans le cadre du Millénaire de la ville de Caen, la recherche Art, bien-être, cerveau (ABC) (1) a pour objectif principal d’évaluer de façon scientifique les effets cognitifs et émotionnels d’une exposition à une œuvre d’art. Au croisement des neurosciences et des sciences humaines, l’originalité du projet réside dans le fait de réaliser des mesures in situ, dans des conditions réelles de visite au musée, dans trois types de situations : visite individuelle, avec un médiateur qui propose des informations sur l’œuvre, ou en binôme. « L’objectif est de mesurer sur le cerveau d’un volontaire les effets de sa rencontre avec l’œuvre d’art, avec le savoir [le partage de connaissances sur l’œuvre] et avec l’autre : les émotions que l’on ressent dans ce contexte sont-elles transmissibles ? », précise le Pr de biologie cellulaire, D. Vivien.
En pratique, le protocole de recherche inclut près de 200 volontaires, lors de visites au musée des Beaux-arts de Caen, face à 12 œuvres sélectionnées pour leur cohérence de genre, style et format. Avant et après les visites, on mesure l’attention, la mémoire, le stress, l’empathie et le bien-être, via plusieurs outils et technologies : au poignet, un bracelet enregistre la fréquence cardiaque et la sudation, indicateurs d’émotion, positive ou négative. Autour des yeux, des lunettes intelligentes détectent le mouvement des pupilles. Sur la tête, un bandeau électronique mesure l’activité dans le cortex frontal, région du cerveau où s’associent les connaissances du tableau avec les émotions qu’il suscite. Plus l’activité est importante, plus l’expérience esthétique est intense. Ces paramètres physiologiques sont aussi couplés à un questionnaire neurospychologique auquel doivent répondre les volontaires avant et après les visites.
Du côté des perspectives, ces travaux pourraient ouvrir la voie à des politiques publiques de santé mentale préventive, voire à de nouveaux usages thérapeutiques. « À plus long terme, on pourrait imaginer que des médecins prescrivent des visites au musée pour diminuer les symptômes d’anxiété et de dépression. » Résultats attendus courant 2026.
1– Le projet repose sur un partenariat public‑privé‑universitaire entre le musée des Beaux-Arts de Caen, l’association Obliques et des établissements de santé et de recherche, Voir le site : https://artbienetrecerveau.fr.
• Contact : Denis Vivien, vivien@cyceron.fr