Les internes présentant un handicap rencontrent de nombreux obstacles et défis pour le futur. Parmi eux, ceux avec un handicap psychique sont très souvent victimes de stigmatisations durant leurs études : ces résultats sont issus d’une grande enquête sur l’impact du handicap chez les internes réalisée par l’Intersyndicale nationale des internes (Insi). Des propositions visent à améliorer les conditions d’internat.
Manque d’informations, stigmatisations, difficultés à aménager les stages et les études, santé mentale dégradée… Dans une enquête dévoilée le 6 septembre, l’Intersyndicale nationale des internes (INSI) dresse un état des lieux de la prévalence du handicap chez les internes et à déterminer son impact au quotidien. 391 étudiants ont répondu à cette enquête, soit 1% des internes français. Des chiffres « significatifs sur le plan statistique », selon Killian L’helgouarc’h, président sortant du syndicat.
Des étudiants peu informés et stigmatisés
Parmi les répondants, dont la moyenne d’âge est de 28,2 ans, 76% sont des femmes, et une majorité sont en phase d’approfondissement de leur internat. 77 % des internes en situation de handicap rapportent que leur pathologie était présente avant l’internat et 50 % avant leurs études de médecine. Près de 40% évoque un handicap psychique. Les maladies invalidantes représentent 27,6 % des répondants sont concernés par une maladie invalidante et 21,7% par un handicap mental. Plus d’un interne sur dix (13 %) déclare souffrir d’un handicap moteur.

70% des internes en situation de handicap déclarent ne pas avoir assez d’information sur leurs droits, quelque soit le moment de survenu du handicap. Si un sur deux a eu un contact avec la médecine du travail, les suivis restent très hétérogènes. En ce qui concerne l’environnement, seul 1 interne sur 3 déclare avoir bénéficié d’un aménagement sur son lieu de stage, tandis que 3 internes sur 10 estiment que leur logement n’était pas adapté à leur situation.
2 internes sur 3 ont rapporté une dégradation de leur santé physique (pour la grande majorité en lien avec la pression et les exigences professionnelles) et de leur santé mentale. Sur ce dernier point, près de la moitié des internes souffrant de handicap psychique déclare un dégradation significative de leur santé mentale.
Au cours de son cursus, un interne sur 5 rapporte avoir subi « une stigmatisation en lien avec son handicap au cours de son internat ». C’est le cas dans 25 % des situations « de la part des chefs », dans 15 % de la part des co-internes et dans 10 % de la part de l’administration.
“Il y a un manque d’humanité et de compréhension vis à vis du handicap et de la santé mentale. Un comble
pour des médecins” ; “Mon chef de service m’a dit : De toute façon, toi tu es handicapé, et ce n’est pas un métier pour les handicapés” ; “J’avais l’impression qu’on ne me croyait pas”… Témoignages libres recueillis durant l’enquête
Quelles améliorations ?
Face à ces constats, l’Isni émet des propositions pour sensibiliser les encadrants, les pairs et les patients ; former la médecine du travail, les services hospitaliers et les terrains de stages ambulatoires ; sanctionner les services qui ne respectent pas les aménagements.
L’enquête a aussi vocation à servir de préalable à de futures discussions avec les doyens et le ministère de la Santé. Sur ce point, l’Insi, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et la conférence des Doyens ont annoncé la co-signature de la charte Romain Jacob en faveur de l’accessibilité de l’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap.
• Handicap : enquête nationale chez les internes en médecine. Briser les silences, garantir les droits. Insi, septembre 2025, en pdf sur le site.