Début 2025, les anciens Praticiens à diplôme hors de l’Union européenne (Padhue) représentent 8% du corps médical en activité régulière. Près de 9% d’entre eux exercent en psychiatrie. Dans le contexte des polémiques actuelles sur leur insertion, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) fournit des données chiffrées éclairant le devenir de ces professionnels une fois inscrits au tableau de l’Ordre.
Mise jour du 7 mars 2026 - Dans un avis en date du jour, et alors que 300 médecins étrangers exerçant en France ont entamé le 5 mars une grève de la faim, l’Académie nationale de médecine (ANM) estime que le recrutement de praticiens à diplômes hors Union Européenne (Padhue) est nécessaire et doit se poursuivre pour faire face aux difficultés d’accès aux soins d’une grande partie de la population française. L’ANM considère que la reconnaissance de leur compétence médicale et la nécessaire maitrise de notre langue doivent être évalués par un examen national sélectif (EVC). Le niveau d’exigence des épreuves théoriques de cet examen peut varier selon les spécialités et doit être enrichi par l’expérience acquise par le candidat dans les établissements ayant une mission de service public. La réussite à l’EVC de ces praticiens qui ne peuvent plus être considérés comme des étudiants, les autorise à postuler dans le service de leur choix afin de pérenniser la cohésion des équipes. Les praticiens n’ayant pas été reçus aux EVC au terme d’un nombre d’échecs à déterminer doivent être orientés vers les nouveaux métiers de santé. Les difficultés administratives, souvent liées à des longs délais de traitement des dossiers doivent être urgemment résolus par une meilleure coordination entre les administrations hospitalières, les ARS et les préfectures.
Dans le contexte des débats récurrents sur l’insertion pérenne en France des Praticiens à diplôme hors de l’Union européenne (Padhue) (voir encadré), le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) présente une synthèse sur le devenir des anciens Padhue une fois en exercice (inscrits au tableau de l’Ordre des médecins). Il s’agit de fournir des éléments objectifs sur les diplômes d’origine, les spécialités, les modes d’exercice et les territoires d’exercice de ces professionnels.
Selon ce rapport, la démographie médicale en France montre une augmentation notable du nombre d’anciens Padhue inscrits depuis 2010 (+11 191 médecins, soit +141%). Au 1er janvier 2025, ils sont 19 154 médecins, dont 83% en activité régulière (15 972). Ces praticiens représentent désormais 8 % du corps médical en activité régulière.
• Au 1er janvier 2025, parmi les 15 972 anciens Padhue en activité régulière, 36,9% sont des femmes et 63,1% sont des hommes. Ces professionnels sont en moyenne âgés de 52,4 ans. 13,5% d’entre eux ont moins de 40 ans et 31,7% de ces mêmes médecins sont âgés de 60 ans ou plus.
• Pour les trois quarts d’entre eux, ces anciens Padhue viennent de 5 pays du bassin méditerranée : par effectifs décroissants, Algérie, Tunisie, Syrie, Maroc et Liban.
• Si l’on s’intéresse à la répartition géographique des médecins actifs, on en observe une proportion plus importante en région Ile-de-France puisqu’ils sont 38.3% à s’y être inscrits suivi, respectivement en seconde et troisième positon, des régions Hauts-de France (8.8%) et Auvergne-Rhône-Alpes (8.6%).
• Groupe de spécialités. Si l’on s’intéresse à la répartition par groupe de spécialités, on constate chez les anciens Padhue une proportion plus importante de spécialistes médicaux (hors MG) par rapport aux deux autres cohortes (médecine générale et spécialistes chirurgicaux). En effet, 63,8 % exercent en qualité de spécialistes médicaux (hors MG) alors qu’ils sont, respectivement, de 19,6% et 16,7% pour les médecins généralistes et spécialistes chirurgicaux.
Les 2/3 d’entre eux exercent parmi les 8 premières spécialités de la figure ci-dessous :

• L’activité salariée hospitalière est largement plébiscitée par les anciens Padhue en activité régulière, que ce soit en 2010 (65,6%) ou en 2025 (52,7%).
• Les anciens Padhue représentent 3,8% de l’ensemble des médecins de 1er recours au 1er janvier 2025. Leur présence est notamment importante chez les pédiatres (14,1), les gynécologues (10,7) et les psychiatres (8,6%).
Les Padhue mobilisés pour leurs conditions de travail
Chaque année, un concours, les « épreuves de vérification des connaissances (EVC) » permet de régulariser un certain nombre de Padhue. Les syndicats et associations représentant ces praticiens contestent actuellement les modalités et le nombre de places limité des EVC et, plus globalement, leurs conditions d'exercice et le « parcours du combattant », souvent opaque, pour être régularisé.
– Le 4 février, les résultats des EVC publiés sur le site du Centre national de gestion (CNG) des praticiens hospitaliers et des personnels de direction de la fonction publique hospitalière, a provoqué une nouvelle mobilisation. En effet, certains jurys ont décidé de ne pas pourvoir certains postes annoncés, d'écarter des candidats ayant obtenu des notes moyennes.
– Selon un communiqué du ministre de la Santé du 5 février, « 4 000 postes ont été ouverts en 2024 via le concours des ECV en 2024, soit 1300 postes supplémentaires par rapport à 2023. 3 235 candidats ont été admis au concours sur liste principale, alors qu’ils n’étaient que 2 205 au concours de 2023, soit une augmentation de près de 50%. Il y a également 638 lauréats sur liste complémentaire. »
Yannick Neuder a par ailleurs promis de « réformer le concours pour les EVC 2025 et simplifier la procédure pour les Padhue déjà en poste ». Des concertations en ce sens ont été annoncées.
– Cependant, dans une lettre ouverte du 25 février, les 3 syndicats représentatifs des Padhue ont refusé de participer à une visioconférence organisée par la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) : « Notre rôle n'est pas d'avaliser des décisions prises à l'avance ».