Si l’intelligence artificielle (IA) peut libérer des plages temporelles précieuses pour les soignants (allégement de la « paperasse », aide au diagnostic et au suivi…), cette libération reste tributaire de choix cliniques, éthiques et organisationnels.
Au fil de l’histoire, différentes révolutions technologiques majeures ont bouleversé nos sociétés en transformant en profondeur la manière dont nous concevons la productivité, l’organisation du travail et le rapport au temps. Ainsi, en 1770, l’invention de la machine à vapeur donne symboliquement naissance à l’ère industrielle, marquant notamment la fin de la stricte dépendance aux rythmes naturels. Quelques décennies plus tard, l’électricité accélère ce mouvement, en permettant des gains de productivité considérables tout en libérant l’humain pour des tâches plus créatives. Au milieu du xxe siècle, cette dynamique se prolonge avec l’électronique qui ouvre la voie à la miniaturisation, à de nouveaux moyens de communication et à l’émergence, par exemple, de dispositifs médicaux plus performants. La révolution informatique, puis l’avènement de l’intelligence artificielle (IA), considérée comme la quatrième et dernière révolution industrielle, s’inscrivent dans ce même élan, promettant d’automatiser un nombre croissant de tâches incluant celles jusqu’à présent réservées au cerveau humain.
Aujourd’hui, l’IA ne se cantonne donc plus à l’industrie ou à l’administration. Elle se déploie dans des domaines aussi sensibles que la psychiatrie, où l’introduction de « machines apprenantes » pourrait réorganiser jusqu’aux fondements du temps du soin. Comment l’IA, en automatisant des fonctions administratives ou en offrant de nouveaux outils de suivi, redéfinit-elle le rapport quantitatif et qualitatif au temps ? Quelle place convient-il de laisser à l’humain, à l’écoute et à la rencontre, quand la technologie promet d’absorber certaines tâches rébarbatives ?
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