Selon le dernier Baromètre annuel sur la santé des soignants de la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH), réalisé par ODOXA en partenariat avec la Chaire Santé de Sciences Po et Le Figaro Santé, malgré une hausse de la satisfaction au travail, près d’un professionnel de santé sur trois se dit affecté par un problème de santé mentale. Communiqué.
À l’heure où le gouvernement a fait de la santé mentale la Grande Cause Nationale 2025, cette nouvelle vague du baromètre met en évidence que l’état de santé mentale des professionnels de santé se dégrade et doit être pointé comme un sujet de vigilance important. Dans le même temps, ces résultats laissent apparaître une évolution positive quant à leur rapport à leur environnement professionnel. En effet, ils sont de plus en plus nombreux à se déclarer heureux au travail : 38 % en 2020 et 64 % aujourd’hui, même s’ils restent toujours significativement moins satisfaits que les autres salariés (77%). Sur les questions liées à leur santé, la tendance reste la même avec un état de santé des soignants plus préoccupant que la population générale :
– 22 % des professionnels de santé se sentent en mauvaise santé (7 points de plus que la population générale). Ce chiffre monte à 29 % pour les aides-soignants.
– Un hospitalier sur deux (46%) déclare avoir été malade au cours des 3 derniers mois (18 points de plus que la population générale).
La santé mentale des professionnels de santé : principal point de préoccupation
La santé mentale des professionnels de santé est la composante la plus préoccupante de leur état de santé, selon le baromètre :
– 29 % des hospitaliers déclarent que leur santé mentale est médiocre ou mauvaise. C’est près du double de la moyenne de la population générale (14%).
– Seuls 18 % des professionnels de santé pensent être en très bonne santé mentale. C’est 25 points de moins que la moyenne de la population générale (43%).
Il y a urgence à agir, avec près d’un professionnel de santé sur trois qui déclare souffrir ou avoir souffert d’un problème de santé mentale (dépression, burn-out, pensées suicidaires…) au cours de l’année écoulée. C’est près de 16 points de plus que la moyenne de la population générale.

Parmi les pistes permettant d’expliquer ce phénomène, le stress et le risque d’agression, la charge de travail et les difficultés à concilier vie privée – vie professionnelle sont des déterminants qui ressortent lorsque les professionnels de santé sont interrogés.
La violence est toujours une composante du métier. Les violences qu’ils subissent davantage que les autres actifs expliquent un stress au travail nettement accru chez les professionnels de santé. 56% ont déjà vécu au moins une situation de violence au travail… soit 18 points de plus que les autres salariés (38%). Les aides-soignants sont particulièrement exposés.
Plus stressés et confrontés à une charge de travail conséquente, les soignants sont moins satisfaits de leur équilibre vie pro – vie perso que le reste de la population.
– Seulement 54 % des professionnels de santé déclarent que leur équilibre « vie professionnelle-vie privée » est « satisfaisant » contre 75 % en moyenne dans la population générale.
– 76 % des professionnels de santé déclarent avoir souvent un volume de travail trop important versus 51 % pour la population générale (+25 points).
Face à ce constat, la MNH agit avec « Sérum Psy » dans le but d’améliorer la santé mentale des professionnels de santé en les formant, dès leurs études, au développement des compétences psychosociales. « La Mutuelle Nationale des Hospitaliers a développé un programme « Sérum Psy » permettant de créer un environnement favorable à l’épanouissement psychologique et au bien-être des étudiants en santé, par le développement des compétences psychosociales. Notre évaluation pilote en cours concerne 200 étudiants d’Île-de-France et de Normandie, au sein des Instituts de Formation en Soins Infirmiers. Elle doit permettre aux futurs professionnels de santé d’augmenter leur pouvoir d’agir et de maintenir un état de bien-être psychologique tout au long de leur carrière », explique Jean-Bernard Castet, Directeur général adjoint affaires publiques et santé.
Focus : le dépistage et la prévention des cancers chez les soignants
Selon le baromètre, les soignantes se font moins dépister que la population générale.
– Une soignante sur deux n’a jamais effectué un examen de dépistage du cancer du sein, alors que la moyenne est d’1 personne sur 3 dans la population générale.
– Même auprès des femmes les plus à risques (+50 ans), l’écart reste important : 62 % des Françaises ont effectué un dépistage du cancer contre seulement 56 % des soignantes du même âge.
« Les soignantes sont plus nombreuses que les Françaises à travailler régulièrement de nuit (31%) comparativement à la population générale (21%), et sont donc exposées à un risque de sur-prévalence des cancers. Avec près de 80 % de femmes dans les effectifs de l’hôpital public,le dépistage des cancers dits « féminins » doit être une priorité. À la MNH, nous menons des campagnes de sensibilisation au dépistage du cancer du sein chez nos adhérentes, adaptées à leur ainsi que des actions de dépistages directement dans les services de nuit. » explique Jean-Bernard Castet.
• Observatoire MNH vague 4 « Etat de santé des soignants et des personnels hospitaliers ». Une enquête Odoxa pour la Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) et Le Figaro Santé, avec le concours scientifique de la Chaire Santé de Sciences Po (PDF) , 6 novembre 2024.