Une enquête de l’OFDT explore les parcours d’usagers d’alcool au sein des microstructures médicales addictions (MSMA). Souplesse, pluridisciplinarité et prise en charge globale au plus près des besoins des patients sont les maîtres mots de ce dispositif.
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) présente dans cette note les résultats d’une enquête sur les pratiques professionnelles et les parcours de soins d’usagers d’alcool au sein des microstructures médicales addictions (MSMA). Cette étude empirique a été menée auprès de professionnels (médecins, travailleurs sociaux, psychologues et coordinatrices des réseaux) et de patients, au sein de 3 des 1432 structures en activité fin 2023. De nombreux verbatims illustrent bien le quotidien et les préoccupations des professionnels.
Pour rappel, ces microstructures permettent d’offrir un suivi pluriprofessionnel à des personnes qui, en plus de leur consommation d’alcool, ont besoin d’un accompagnement social ou d’un suivi psychologique. Ce suivi peut aussi être proposé à des personnes qui ne pensent pas avoir de trouble de l’usage de l’alcool ou qui ne souhaitent pas l’aborder, si bien qu’elles ne se rendraient pas d’emblée dans les structures traditionnelles de soins addictologiques.C’est notamment le cas des femmes, fortement stigmatisées dans ce trouble, et qui accèdent peu au Csapa. Les microstructures prennent aussi en charge des personnes en attente de soins addictologiques plus intensifs ou pour permettre une prise en charge de proximité, par exemple à la sortie d’une hospitalisation pour sevrage.
Selon ce travail, l’orientation des patients présentant des troubles psychiatriques co-occurents pose des difficultés aux professionnels des microstructures : garantir la continuité des soins pour ce type de patients est complexe pour les médecins, qui évoquent la saturation des structures publiques psychiatriques, mais aussi l’impossibilité d’adresser les personnes à des suivis de ville en raison de leur précarité financière. Dans ce contexte, les réunions de concertation offrent l’opportunité d’échanger sur les parcours de soins des patients mais ne permettent pas d’effacer pas toutes les sources de tensions entre professionnels.
In fine, malgré des réserves, la bonne acceptation et à la continuité des soins globalement observées tiennent à une prise en charge globale et plurielle, au plus près des besoins des usagers.
Les MSMA en pratique
Une microstructure est une équipe de soins primaires en exercice coordonné, constituée d’un ou plusieurs médecins généralistes (MG), d’un travailleur social (TS) et d’un psychologue (Psy), qui interviennent au sein même du cabinet du médecin : en cabinet privé (CP), en maison de santé pluridisciplinaire (MSP) ou en centre de santé (CDS). Les ressources en psychologue et en travailleur social sont généralement mises à disposition par les Csapa, qui allouent des moyens dédiés auprès du médecin généraliste. Un coordinateur de réseau au niveau local assure quant à lui la gestion du projet et fait le lien avec la coordination nationale.
Le fonctionnement des microstructures s’appuie sur trois principes directeurs.
– Le premier est une unité de lieu pour les patients,
– Le deuxième est l’unité de temps (les consultations sont organisées dans des plages horaires fixes, après orientation par le médecin).
– Le troisième est l’organisation de réunions de synthèse mensuelle – parfois appelées « RCP » (réunion de concertation pluridisciplinaire) avec un temps dédié de deux heures. Dans ces réunions, les médecins dont les patients constituent la filière d’amont se réunissent avec les professionnels de la microstructure (TS, Psy et coordinatrice du RMS) afin d’aborder l’évolution des cas et délibérer sur le suivi à faire selon les besoins des patients.
• Duprat Laura (2024) Construction des parcours de soins d’usagers d’alcool en microstructures médicales addictions. Note de résultats. Paris, OFDT, 20 p, en pdf