Stratégie pour la pédiatrie et la santé de l’enfant : le point sur l’axe santé mentale

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En clôture des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant, le 24 mai, le Gouvernement a présenté sa feuille de route 2024-2030, déclinée en quatre grands axes dont celui de la santé mentale. Par ailleurs, pour renforcer les professionnels, les infirmières puéricultrices pourront se former en pratique avancée mention « santé de l’enfant », ce qui questionne l’Union nationale des IPA…

Avec plus d’un an de retard sur le calendrier annoncé, les Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant ont été clôturées avec la présentation de ses travaux le 24 mai au Conseil économique, social et environnemental (Cese). Une feuille de route 2024-2030, qui reprend pour une grande part le rapport présenté fin avril au Ministère, a été présenté, mais son budget global reste à consolider. Quatre axes structurent la stratégie gouvernementale : la prévention, l’amélioration de la prise en charge sanitaire, la préservation de la santé mentale et le développement de la recherche et de l’innovation.

L’Axe 3, Améliorer plus spécifiquement la prise en charge et la réponse en matière de santé mentale des enfants et adolescents, présente deux objectifs :

– Renforcer les maisons des adolescents (MDA) pour en faire une ressource d’expertise sur tous les territoires.

Le Gouvernement souhaite travailler au renforcement des MDA qui représentent, au regard du maillage territorial, un levier pour la prévention et la prise en charge de la santé mentale des adolescents, en complément des actions menées par les professionnels de santé de l’Éducation Nationale. Dans cette perspective, il s’agira de renforcer le socle de leurs missions, dans le cadre de la révision en cours de leur cahier des charges des MDA. Les crédits seront renforcés, en particulier pour permettre le déploiement d’équipes mobiles notamment dans les zones rurales et dans les quartiers prioritaires. Par ailleurs, des formations au secourisme en santé mentale (modules jeunes et ados) au sein de ces MDA devrait permettre de mieux repérer les situations de crise et apporter une réponse de proximité aux adolescents concernés.

– Améliorer la réponse en pédopsychiatrie à travers le renforcement de l’offre en ambulatoire et en hospitalisation, notamment en post-urgence

La psychiatrie et notamment la pédopsychiatrie connaissent une pénurie de professionnels encore plus accentuée que les autres spécialités médicales. Alors que les besoins, notamment chez les jeunes, augmentent, la rareté des ressources humaines oblige à repenser la structuration de l’offre de soins et le rôle des différents professionnels. Plusieurs mesures sont listées :

Promouvoir le rôle de différents professionnels, aux côtés des pédopsychiatres, et notamment infirmiers, psychologues, orthophonistes, éducateurs…

– Simplifier le dispositif Mon soutien psy, et le rendre accessible dès l’âge de 3 ans

– Poursuivre le renforcement des centres médico-psychologiques infanto-juvéniles (CMP-IJ). Compte tenu des difficultés
de recrutement, une revalorisation de l’exercice des psychologues en établissements publics sera donc négociée.

Formaliser des filières de soins non programmés en pédopsychiatrie et déployer les filières psychiatriques
au sein des SAS. Il
s’agit de construire des parcours gradués (ville-hôpital) et lisibles pour éviter le passage systématique aux urgences et mieux prendre en charge l’urgence pédopsychiatrique et les soins pédopsychiatriques non programmés sur chaque territoire.

– Sur la base d’une projection des besoins de prise en charge à dix ans en pédopsychiatrie, de la démographie des métiers et des évolutions organisationnelles, réaliser une planification des ressources humaines nécessaires et mettre en adéquation l’offre de formation.

En dehors de cet axe dédié à la santé mentale, d’autres mesures, destinées à améliorer l’organisation et la prise en charge sanitaire des jeunes, intéressent également la psychiatrie. Parmi elles, citons :
– Améliorer l’accès aux soins pour les enfants victimes de violence et protégés ;
– Renforcer l’appui de la pédopsychiatrie aux structures accueillant les enfants de l’ASE,
– Renforcer l’étayage en accueil familial thérapeutique pour améliorer l’accueil des enfants placés à l’ASE au profil complexe souffrant de troubles psychiatriques (formation, analyse de pratiques psy, coordination, …) et en valorisant la mission thérapeutique des assistants familiaux salariés des départements ou des associations que les prennent en charge ;
– Améliorer la prise en charge de la santé sexuelle de tous par la généralisation d’Handigynéco
– Former mieux et former davantage de professionnels à la santé de l’enfant (pédiatres, orthophoniques mais aussi IPA « santé de l’enfant, lire ci-dessous)

Par ailleurs, dans une lettre ouverte datée du 31 mai adressée par Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Unafam, à la Ministre Catherine Vautrin, l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (Unafam) dénonce l’absence d’une véritable stratégie pour la santé mentale des enfants et des jeunes, notamment sur le volet de la pédopsychiatrie. En effet, selon elle « la feuille de route présentée n’apporte pas les réponses attendues et nécessaires face à l’urgence dans laquelle se trouve le secteur ». 

Une pratique avancée pour les infirmières puéricultrices ?
Afin de former « mieux et davantage » de professionnels (objectif 12), le Gouvernement annonce une évolution de la spécialité de puériculture via l'intégration de compétence en pratiques avancées « santé de l'enfant », pour une première rentrée en scolarité en septembre 2027 au plus tard. Un groupe d'experts travaillera à ces adaptations, pour garantir deux années de formation consacrées à la santé de l’enfant et les textes actuels de la pratique avancée des infirmiers seront adaptés. Ces futures puéricultrices en pratique avancée pourront intervenir dans des structures de premier recours, en ville, dans les établissements de santé et médico-sociaux.
Les IPA réagissent !
L'Union nationale des IPA (Unipa) a rapidement réagi à cette annonce, pointant dans un communiqué que « les infirmières puéricultrices sont une spécialité précieuse et peu reconnue, cependant leur formation et leur exercice ne répondent pas aux critères de la pratique avancée établie en France, centrée sur la clinique et les parcours de santé. » L'association signale qu'elle « porte depuis plusieurs mois un projet de refonte de mentions, dans lequel les soins aux enfants ont entièrement été intégrés, dans le respect des standards internationaux, et surtout des besoins populationnels. Ces derniers doivent rester le point cardinal de toute décision. »
Par ailleurs, l'Unipa relève « qu’aucune organisation représentant les Infirmiers en Pratique Avancée n’a été concertée lors de ce processus. La pratique avancée ne peut être parcellaire et doit rester une profession à part entière au sein de la discipline »

• Assises de la pédiatrie et de la santé mentale de l’enfant, dossier de presse, Gouvernement, 24 mai 2024.

• Infirmières puéricultrices et pratique avancées, Communiqué du 25 mai, Unipa, en pdf