Au CHU de Montpellier, le département de neurochirurgie annonce avoir implanté un neurostimulateur rechargeable de stimulation cérébrale profonde chez un patient atteint d’épilepsie pharmaco-résistante. Une innovation technologique qui vise à soulager la dystonie et permettrait un traitement personnalisé. Communiqué.
L’Unité Pathologies Cérébrales Résistantes (département de neurochirurgie) du CHU de Montpellier a réalisé une avancée technologique majeure pour les patients : la première implantation de la toute dernière génération de neurostimulateur implantable rechargeable de stimulation cérébrale profonde (Percept™ RC de MEDTRONIC) capable de stimuler et d’enregistrer des signaux intracérébraux chez un patient atteint d’épilepsie pharmaco-résistante. L’équipe était déjà pionnière dans le traitement des épilepsies graves par stimulation du noyau thalamique antérieure depuis 2012.
La stimulation cérébrale profonde
Le traitement de l’épilepsie vise à diminuer autant que possible la fréquence ou l’intensité des crises ; l’objectif étant d’améliorer la qualité de vie du patient. Différents médicaments anti-épileptiques permettent de répondre
à cet objectif. Dans le cas de certaines épilepsies pharmaco-résistantes, un traitement non- médicamenteux peut être envisagé : la stimulation cérébrale profonde
Comment ça fonctionne ?
Un neurostimulateur de stimulation cérébrale profonde (un appareil semblable à un pacemaker cardiaque) est un dispositif qui envoie, par l’intermédiaire d’électrodes (fils métalliques fins) implantées dans le cerveau, et en particulier dans le noyau antérieur du thalamus, des impulsions électriques de faible intensité. L’application du courant électrique produit par le stimulateur va modifier l’activité neurophysiologique dans les régions ciblées. L’ensemble du dispositif (électrode et stimulateur) est invisible, car il est implanté sous la peau au cours d’une intervention chirurgicale. Les paramètres de stimulation sont ajustés par le médecin de façon à adapter la stimulation à chaque patient.
Aujourd’hui la Stimulation Cérébrale Profonde est utilisée en routine chez des patients atteints de maladie de Parkinson, de Tremblements Essentiels ou encore de Dystonie. Elle est également envisagée pour le traitement des Epilepsies réfractaires aux traitements médicamenteux.
La stimulation cérébrale profonde (SCP) est une technique chirurgicale réversible qui vise à réduire la fréquence des crises d’épilepsie.
Enregistrer, écouter et comprendre les signaux du cerveau
L’équipe de neurochirurgiens composée du Docteur Gaëtan Poulen, du Docteur Emilie Chan Seng et du Pr Philippe Coubes ainsi que les épileptologues, les Docteurs Arielle Crespel et Philippe Gelisse ont réalisé une avancée technologique majeure pour les patients : la première implantation de la toute dernière génération de neurostimulateur implantable rechargeable de stimulation cérébrale profonde chez un patient atteint d’épilepsie pharmaco-résistante.
Par rapport aux générations précédentes, ce neurostimulateur :
– Possède une batterie permettant d’étendre sa longévité et simplifier sa recharge sans altération de
sa qualité quel que soit les paramètres de stimulation ;
– Est plus petit avec une forme plus ergonomique ;
– Est compatible avec les IRM 3 Teslas, ouvrant des possibilités étendues d’imagerie diagnostique pour
le patient ;
– Enregistre l’activité cérébrale du patient, permettant de personnaliser son traitement, et de ce fait,
optimiser sa prise en charge.
Les neurones du cerveau émettent des signaux pour communiquer entre eux en réseaux. Certains de ces
neurones ont une activité au repos qui se modifie lors de l’exécution d’une tâche sensorimotrice, cognitive
ou encore émotionnelle. Dans un état pathologique, certains des neurones peuvent s’exprimer de
manière exagérée. Le neurostimulateur Medtronic Percept™ RC – en plus d’administrer une stimulation –
a la capacité, grâce à la technologie de Sensing BrainSense™, de détecter et d’enregistrer des signaux
intracérébraux très spécifiques au patient, y compris des séquences enregistrées dans la vie quotidienne
du patient, en dehors de la consultation.
Le médecin peut ainsi analyser la présence exagérée de signaux, les corréler à la sévérité des symptômes du patient et ajuster au mieux le traitement pour les soulager. Cette technologie permettra aussi de mieux comprendre le fonctionnement complexe des structures profondes du cerveau humain. La technologie BrainSense™ agit comme un outil de suivi numérique des symptômes du patient.
En se basant sur les activités neuronales, les médecins pourront adapter les traitements du patient de
manière plus précise en fonction des caractéristiques propres de chacun. Cela permet d’optimiser la prise
en charge des patients et d’améliorer leur quotidien.
Cette innovation représente un grand pas vers une médecine personnalisée. Il s’agit d’une première étape
indispensable à la mise en place dans les années à venir d’un système de stimulation cérébrale profonde
adaptatif.
Une nouvelle prise en charge du patient épileptique pharmaco-résistant ?
Avec ce neurostimulateur, le patient devient davantage acteur de sa thérapie en pouvant lui-même, ou son aidant, déclencher les enregistrements des signaux intracérébraux et en renseignant sur sa télécommande des événements (symptômes, effets indésirables etc.).
« Les patients peuvent faire de nombreuses crises par jour, certaines fortes, d’autres moins. Il n’est pas
toujours facile de quantifier le nombre de ces crises. Disposer d’un neurostimulateur capable, grâce au
Sensing, de quantifier de manière objective le nombre de crises sur une période de temps apporte une
valeur ajoutée. Cela permettra de mesurer l’impact des différents traitements et plus particulièrement
l’impact de la stimulation cérébrale profonde » souligne le Docteur Poulen après la première implantation.
En consultation, le médecin pourra suivre l’évolution des signaux intracérébraux du patient et établir des
corrélations entre ces signaux et les événements rapportés. L’interprétation des résultats permettra d’affiner les réglages de la stimulation cérébrale profonde et de la prise des médicaments complémentaire. L’objectif étant de pouvoir ajuster les traitements en fonction des informations et de répondre au mieux aux besoins du patient.