La prise en charge des malades chroniques se dégrade

FacebookXBlueskyLinkedInEmail

Selon le « baromètre de l’accès aux soins » de la FHF, 4 malades chroniques sur 10 partagent le constat que leur prise en charge médicale s’est détériorée depuis la crise sanitaire. Si le niveau d’activité de l’hôpital a, au global, retrouvé en 2023 le niveau observé en 2019, cette reprise cache des disparités préoccupantes et a des conséquences très concrètes sur la santé des patients.

A l’occasion de la Journée d’hommage et de célébration de l’engagement des professionnels de santé lors de la pandémie, le 17 mars (1), la Fédération hospitalière de France (FHF) présente son premier « baromètre annuel de l’accès au soins ». Il est composé de deux volets : le premier porte sur l’évolution de l’activité à l’hôpital et le second est un sondage d’opinion Ipsos sur l’accès aux soins.

Une évolution de l’activité depuis 2020 qui soulève des inquiétudes en termes de santé publique

Entre 2019 et fin 2023, on constate un sous-recours cumulé de 3,5 millions de séjours hospitaliers. Si le niveau d’activité en 2023 a, au global, retrouvé le niveau observé en 2019, cette reprise cache des disparités préoccupantes dans des activités qui sont, par nature, réalisées pour l’immense majorité à l’hôpital public.

Cette situation a des conséquences très concrètes sur la santé des patients, avec la possibilité d’un retard pris sur la détection de certains cancers ou d’une prise en charge insuffisante pour les diabétiques de plus de 35 ans.

Les fragilités du système de santé produisent renoncement aux soins et sur-recours aux urgences

54 % des Français disent s’être rendus aux urgences au cours des derniers mois pour des raisons qui ne relevaient pas d’une urgence médicale (vs. 42 % en 2019).
Ce phénomène traduit notamment le besoin de mieux organiser le lien ville-hôpital et la nécessité d’un premier recours plus fort. Dans 32% des cas, le patient est venu aux urgences faute de savoir où d’autre se rendre. Dans 30%
des cas, il est venu aux urgences à la suite d’un refus de prise en charge non programmée par un médecin généraliste
ou spécialiste de ville.

Cet état de fait rejaillit sur l’ensemble des services hospitaliers. Entre difficulté d’accès aux soins et difficultés économiques, ce sont plus de 6 Français sur 10 qui ont déjà renoncé à au moins un acte de soin au cours des 5 dernières années :
– 50 % parce que c’était trop long d’obtenir un RDV ;
– Plus de 40 % pour des difficultés financières ;
– Et un tiers à cause de l’éloignement géographique.
Par ailleurs, un Français sur deux a déjà vécu un retard de soins à l’hôpital au cours des 5 dernières années en
raison de la surcharge de travail du service ou du médecin, ou de la difficulté à y obtenir un rendez-vous que ce soit
pour lui ou pour un proche.
Lorsqu’ils ont été confrontés à ces situations, plus d’1 Français sur 3 déclarent que ces reports de soin ont eu des conséquences graves pour eux, et plus d’1 Français sur 2 rapportent des conséquences graves pour leurs proches.


Par ailleurs, 4 malades chroniques (ou concernés par un handicap physique) sur 10 partagent le constat que
leur prise en charge médicale s’est détériorée depuis le Covid.
Ce chiffre atteint 48% chez les personnes souffrant d’une maladie mentale

Pour la FHF, ces données inédites « traduisent les mutations à l’œuvre dans le système de santé. Si l’activité progresse à nouveau à l’hôpital en 2023, un sous-recours aux soins dans plusieurs activités traduit la persistance d’une dette de santé publique sans précédent à la suite de la pandémie Covid, qui pourrait représenter une véritable bombe à retardement de santé publique ».

La FHF appelle les pouvoirs publics à fixer des priorités de santé publique en conséquence. En particulier, l’hôpital public et notamment les CHU, ont un  rôle prépondérant irremplaçable sur les filières de soin essentielles.

1– Le 17 mars 2020 étant le premier jour du confinement décidé pour protéger la population et préserver les capacités d’accueil de l’hôpital public, la FHF et l’institut Covid-19 Ad Memoriam, présidé par Laëtitia Atlani-Duault, ont décidé, depuis 2021, de faire de cette date une journée d’hommage et de célébration de l’engagement des professionnels de santé en même temps qu’une occasion de débat sur les questions de santé.

En savoir plus, retrouver tous les chiffres sur le site de la FHF