N° 285 - Février 2024

« L’emprise peut être mortifère mais aussi élément du processus créatif »

Nbre de pages : 2
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Dans son dernier ouvrage, paru chez érès, Alain Ferrant, psychologue clinicien, tente de réhabiliter la notion d’emprise comme composante nécessaire au développement de la vie psychique.

Qu’entendez-vous par emprise, un terme très à la mode qui n’a pas bonne presse ?

La notion d’emprise est généralement synonyme de tyrannie et d’exploitation d’autrui. Elle renvoie à un état d’asservissement, de totale dépendance, sans échappatoire ni liberté de choix. L’emprise s’oppose à la liberté comme l’ombre à la lumière ou la pétrification au mouvement. Les abus sexuels révélés dans le sillage du mouvement #MeToo ont propulsé l’emprise à la Une des médias dans sa forme la plus délétère. Mais le psychanalyste se méfie des consensus trop marqués et des unanimités bétonnées. Il soupçonne que, dans ce type de conjoncture, il y a souvent anguille sous roche. L’emprise est en effet biface : d’un côté, elle est mortifère et synonyme de violence, de l’autre elle joue un rôle essentiel dans le processus de création, de communication et de relation du sujet avec autrui. Je défends donc la conception d’une emprise nécessaire au développement de la vie psychique car elle ne relève pas uniquement de la destructivité et ne lui est pas originairement associée.

• En quoi consiste la fonction organisatrice de l’emprise ?

Le travail de création, quel que soit son domaine, implique une contrainte interne. Comme les musiciens cisèlent les notes, les (…).