Une méta-analyse en réseau originale publiée en ligne dans Lancet Psychiatry évalue l’efficacité des antipsychotiques de seconde génération dans la schizophrénie en intégrant à la fois des essais randomisés contrôlés et des études observationnelles. Hélène Verdoux, professeur de psychiatrie à l’université de Bordeaux, nous en propose une synthèse.
Schématiquement, une méta-analyse en réseau a pour objectif de synthétiser les informations collectées dans plusieurs études, en comparant entre eux les différents traitements disponibles pour une pathologie, afin d’aboutir ensuite à un classement. On a donc bien plus d’information qu’en comparant un médicament à un placebo ou à un seul médicament de référence.
Les essais randomisés contrôlés incluant des personnes avec un diagnostic de schizophrénie ont d’importantes limites, car les patients acceptant de participer à ces études ne sont pas représentatifs des personnes traitées par antipsychotique en conditions réelles de prescription. Il est donc important de prendre en compte les données d’efficience des antipsychotiques dans la « vraie vie » où ils sont prescrits chez des personnes refusant les soins, consommant des toxiques, ayant des idées suicidaires, qui sont exclues des essais.
Cette méta-analyse concerne 90 500 personnes dont les données d’utilisation des antipsychotiques sont issues des registres suédois et finnois, et 10 000 participants à des essais randomisés. Le critère de jugement était une rechute dans les 6 mois après l’instauration de l’antipsychotique, définie comme une hospitalisation dans les études observationnelles.
Dans les données des cohortes observationnelles collectées dans les registres, les cinq molécules (commercialisées en France) les plus efficientes sont :
– la clozapine
– l’olanzapine à action prolongée
– l’aripiprazole à action prolongée
– l’olanzapine par voie orale
– l’halopéridol à action prolongée.
L’efficacité des antipsychotiques par rapport au placebo dans les essais randomisés est 2,58 fois supérieure à leur efficience dans la « vraie vie ». Dans les essais contrôlés, les formes orales ont une efficacité supérieure à celle mise en évidence dans les études observationnelles.
Quand les données des deux types d’études sont combinées, la clozapine arrive en tête de classement suivie par l’olanzapine par voie orale, puis par l’olanzapine à action prolongée (pour les molécules commercialisées en France). A noter l’absence de donnée sur l’amisulpride dans cette étude.
Cette étude confirme donc l’intérêt de la clozapine et des antipsychotiques à action prolongée pour la prévention de la rechute. Elle permet aussi de rappeler que les études pharmaco-épidémiologiques sont particulièrement intéressantes pour évaluer l’efficience des antipsychotiques, qui est surévaluée dans les essais randomisés contrôlés du fait de la faible représentativité des participants.
• Efficacy and effectiveness of antipsychotics in schizophrenia: network meta-analyses combining evidence from randomised controlled trials and real-world data, Lancet Psychiatry 2024 Jan 9:S2215-0366(23)00366-8.
Merci à Hélène Verdoux de partager avec les lecteurs de Santé mentale la synthèse de cette méta-analyse qu’elle a publié sur son compte Linkedin.