La Fondation FondaMental lance le programme Tim-Depist, vaste projet de recherche multicentrique sur les psychoses auto-immunes. L’objectif est de réaliser un essai thérapeutique à base d’immunothérapie. Entre 2024 et 2027, les chercheurs pensent diagnostiquer 1 000 patients.
On estime que 20 % des patients atteints de troubles psychotiques ou de troubles bipolaires pourraient être atteints par une psychose auto-immune. C’est pour eux que la Fondation FondaMental lance le programme TiM-DePist (pour « Thérapeutique Immuno-Modulatrice après DéPisTage spécifique devant des troubles psychiatriques ») , en partenariat avec le CNRS, l’université de Bordeaux, le MIRCEM et 9 centres hospitaliers répartis dans toute la France (Bordeaux, Montpellier, Lyon, Strasbourg, Clermont-Ferrand, Colombes, Paris et Créteil). Ce projet, porté grâce à un travail collaboratif entre Laurent Groc (CNRS/Université de Bordeaux), Frédéric Villega (CHU Bordeaux/IINS) et Marion Leboyer (CHU Henri Mondor/UPEC/IMRB, Créteil), regroupera chercheurs, psychiatres, pédopsychiatres et neuropédiatres avec l’ambition d’améliorer le diagnostic et le traitement des personnes touchées par des psychoses auto-immunes.
Les psychoses auto-immunes sont une forme de troubles psychotiques associés à la présence d’auto-anticorps dans le sang. Ces auto-anticorps sont souvent produits à la suite d’une infection virale, d’un cancer ou d’épisodes de stress répétés. A la différence des anticorps qui nous défendent contre ces virus, les auto-anticorps vont s’attaquer à notre organisme, et dans le cas précis, à des récepteurs cérébraux, des neurotransmetteurs, médiateurs de la communication entre les synapses.
Or, les synapses permettent aux neurones d’échanger des informations et jouent donc un rôle clé dans notre capacité d’apprentissage, de mémorisation et pour réaliser tout un tas de tâches. En s’attaquant aux synapses, les autoanticorps empêchent le bon fonctionnement des neurotransmetteurs, entrainant l’apparition de symptômes psychiatriques.
Le développement de nouvelles technologies pour détecter ces autoanticorps va permettre, dans le protocole TiM-DePist, d’identifier les patients porteurs d’autoanticorps et leur proposer une immunothérapie, c’est-à-dire un traitement qui réduit la fabrication de ces autoanticorps.
Ce programme peut être un véritable tournant pour la psychiatrie de précision et les patients qui vivent avec une maladie psychiatrique.
Reconnaître une psychose auto-immune
Les signes qui doivent alerter :
- Un début brutal de symptômes psychiatriques : hallucinations, idées obsessionnelles, dépression…
- Des symptômes neurologiques associés : épilepsie, catatonie, troubles de la mémoire, confusion, mouvements anormaux…
- Une résistance aux traitements médicamenteux.
- Des antécédents personnels ou familiaux de maladies auto-immunes.
Pour mieux comprendre cette maladie, découvrez le témoignage d’une patiente en rémission dans notre podcast le FondaMental Talk. Avec elle, nous avons évoqué son parcours de vie depuis l’apparition des 1ers symptômes psychotiques jusqu’à la guérison.
Participer au programme Tim-Depist
L’inclusion dans le protocole de recherche TIM-DePist est très simple et comporte 2 temps distincts :
- Dans un premier temps, si vous rencontrez chez un patient une histoire ou des symptômes tels que décrits précédemment, il vous suffit de recueillir son consentement éclairé et d’adresser à Bordeaux un simple prélèvement sanguin à la recherche d’une auto-immunité. Plusieurs centres, répartis sur tout le territoire, participent à cette phase de diagnostic.
- Dans un 2e temps, pour les patients effectivement porteurs d’auto-anticorps, nous confirmerons le diagnostic de psychose auto-immune par une concertation pluridisciplinaire, et solliciterons un deuxième consentement pour participer à un essai thérapeutique. Après tirage au sort : un groupe recevra une immunothérapie, tandis que l’autre groupe continuera simplement à recevoir son traitement habituel.
Le protocole décrit un essai clinique randomisé ouvert de phase III étudiant la supériorité d'une prise en charge des troubles psychiatriques par traitement immunomodulateur pour des patients au préalable identifiés comme porteur dans le sang d'un anticorps pathogène dirigé contre le système nerveux central. Le but est d'évaluer, à 3 mois, l'efficacité clinique d'un traitement par le Rituximab dont l'action est dirigée contre la molécule de surface CD20 présente sur la plupart des cellules B. Il restera associé au traitement habituel recommandé dans les différents troubles psychiatriques identifiés pour chaque patient.
Entre 2024 et 2027, nous pensons pouvoir diagnostiquer 1 000 patients, dans l’espoir de donner accès à un traitement pour plusieurs dizaines d’entre eux.
• En savoir plus : https://www.fondation-fondamental.org/actualites/ Pour plus d’informations : timdepist@chu-bordeaux.fr