La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie, pour la première fois, un dossier détaillé sur l’évolution de l’offre de soins hospitaliers en psychiatrie, de 2008 à 2019. On note que dans ces établissements, le nombre de places (temps partiel) a augmenté, alors que le nombre de lits ( temps complet) s’est réduit en psychiatrie générale. Les disparités de densités de lits entre départements (temps complet) sont très élevées en psychiatrie infanto-juvénile, quasiment trois fois supérieures à celles constatées pour la psychiatrie générale. Enfin le secteur privé à but lucratif occupe une place croissante.
Premier poste de dépense de l’Assurance maladie, la psychiatrie présente des caractéristiques spécifiques, avec des modalités de prises en charge variées et une pluralité de sa patientèle. Toutefois, peu de travaux quantitatifs retracent l’évolution sur la dernière décennie de l’offre de soins hospitaliers en psychiatrie. Cette étude statistique en illustre la transformation sur la période 2008-2019 en France, à la fois au niveau national et territorial. Les données de la statistique annuelle des établissements de santé (SAE) ont été mobilisées, permettant de descendre au niveau départemental et régional (pour les détenus).
Les grandes tendances de l’offre de soins hospitaliers en psychiatrie de 2008 à 2019
- Si la prise en charge à temps partiel (essentiellement l’hospitalisation de jour) est la principale forme de prise en charge en psychiatrie infanto-juvénile, c’est au contraire la prise en charge à temps complet (essentiellement à temps plein) qui est majoritaire en psychiatrie générale (adulte).
- Le secteur public, malgré une baisse de ses capacités d’accueil, reste majoritaire en France. Néanmoins, le secteur privé à but lucratif occupe une place croissante, tant en termes de capacités d’accueil que de volume d’activité.
- Diminution du nombre de lits et augmentation du nombre de places. Le recul du nombre de lits fait écho à la volonté de réduire les prises en charge à temps complet pour développer les autres formes de prises en charge (temps partiel et ambulatoire), permettant d’être au plus proche du lieu de vie des patients. Le nombre de places pour la prise en charge à temps partiel (hospitalisation de jour et de nuit) a donc logiquement augmenté sur la même période (+6,3 % de fin 2008 à fin 2019).
- Une baisse notable de l’activité hospitalière dans le secteur public. Entre 2008 et 2019, une baisse globale de l’activité s’est opérée à la fois pour la prise en charge à temps complet et pour la prise en charge à temps partiel. Le nombre de journées de prise en charge à temps complet a ainsi diminué de manière régulière en douze ans, passant de 21,0 millions en 2008 à 19,3 millions en 2019, soit un recul de 7,9 %
- Léger recul du taux d’occupation des lits de prise en charge à temps complet depuis 2008. Le taux d’occupation des lits de prise en charge à temps complet a baissé de manière régulière en douze ans, passant de 87,6 % en 2008 à 86,0 % en 2019. Cette diminution s’observe pour tous les statuts juridiques, mais principalement dans les établissements privés à but non lucratif
Évolution de la répartition départementale de l’offre de soins en psychiatrie infanto-juvénile
- Une offre de soins majoritairement à temps partiel avec la volonté de ne pas couper les enfants et les adolescents de leur environnement familial et social.
- Réduction des disparités départementales de densités de lits sur douze ans
- Des densités départementales de capacité plus élevées et plus homogènes pour le temps partiel que pour le temps complet
- Recul de l’activité en hospitalisation de jour et augmentation d’activité pour le temps plein

Évolution de la répartition départementale de l’offre de soins en psychiatrie générale (adulte)
- L’hospitalisation à temps plein reste majoritaire, malgré une diminution du nombre de lits. La prise en charge à temps complet est le mode de prise en charge majoritaire en psychiatrie générale (adulte). Elle connaît cependant une diminution sur la période étudiée, le nombre de lits passant de 62 200 fin 2008 à 58 100 fin 2019 (-6,6 % en douze ans). Ce repli s’observe principalement en hospitalisation à temps plein, avec une baisse de 3 400 lits entre fin 2008 et fin 2019. À l’opposé, la prise en charge à temps partiel connaît une augmentation de ses capacités d’accueil, passant de 18 500 places fin 2008 à 19 900 places fin 2019 (+7,4 % en douze ans). Cette augmentation importante est due à l’hospitalisation de jour, dont les capacités d’accueil ont augmenté de 10,4 % entre fin 2008 et fin 2019
- Des densités départementales de lits en psychiatrie générale relativement homogène mais en baisse. La densité de lits pour la prise en charge à temps complet est passée de 123 lits pour 100 000 adultes fin 2008 à 117 fin 2014 puis à 109 fin 2019, soit une diminution de 11 % sur la période
- Une densité nationale de places en psychiatrie générale stable avec des disparités départementales en baisse
- Une baisse globale de l’activité hospitalière en psychiatrie générale, plus marquée pour la prise en charge à temps complet
L’offre de soins en psychiatrie pénitentiaire
En psychiatrie pénitentiaire l’augmentation nationale de l’offre de soins est à mettre en regard d’une population carcérale également croissante.
- Triplement des capacités d’accueil des détenus en hospitalisation à temps plein, réalisée majoritairement en UHSA
- Une offre de soins en hospitalisation à temps plein inégalement répartie
- En douze ans, doublement du nombre de places en hospitalisation de jour pour les détenus
- Les densités régionales de places en psychiatrie pénitentiaire deviennent un peu plus homogènes en douze ans

Pour toutes les formes de psychiatrie (infanto-juvénile, générale ou pénitentiaire), des disparités départementales et régionales subsistent, malgré quelques améliorations depuis 2008. Les écarts qui demeurent continuent de se traduire par un accès inéquitable aux soins de psychiatrie.
Depuis 2019, plusieurs éléments sont venus affecter le système de santé, et notamment l’offre de soins hospitaliers en psychiatrie : épidémie de Covid-19 en 2020, réforme du mode de financement des établissements de psychiatrie en 2022 puis réforme des autorisations de soins en 2023. La comparaison territoriale et selon les différents publics devra donc être poursuivie pour évaluer l’impact de ces éléments sur les disparités territoriales.
Les données de la statistique annuelle des établissements de santé (SAE) ont été mobilisées, avec un investissement statistique important de mise en cohérence temporelle des données disponibles. Ce dossier est accompagné de la diffusion, pour la première fois, d’un jeu de données au format CSV : il retrace, département par département, l’évolution de 2008 à 2019 de plusieurs indicateurs décrivant les capacités d’accueil et l’activité des différentes formes de prises en charge hospitalière en psychiatrie.