Dix-huit propositions du collectif ManifestePsy veulent donner « une nouvelle place » aux psychologues cliniciens dans le système de santé. Parmi elles, l’inscription en tant que profession « périmédicale » (« à la périphérie du médical ») dans le Code de la santé publique.
Le collectif ManifestePsy (1) diffuse un rapport assorti de 18 propositions pour « construire aujourd’hui le futur des psychologues cliniciens psychothérapeutes en France« . Résolument opposé au dispositif MonParcoursPsy (voir notre article), ce collectif, décline ces propositions dans le champ de la formation et du statut des professionnels, ainsi que sur la prise en charge des soins.
MISE EN PLACE D’UN DOCTORAT CLINIQUE EN PSYCHOTHÉRAPIES
- Officialiser les compétences hautement qualifiées des psychologues cliniciens
Proposition : La mise en place du doctorat clinique officialise ce qui existe sur le terrain avec des psychologues cliniciens qui se forment déjà, régulièrement et tout au long de leur carrière, à de nouvelles pratiques en psychothérapies étayées sur des pratiques scientifiques.
- Un doctorat professionnel avec un programme pédagogique de haut niveau
Proposition : Le doctorat clinique doit valider des compétences de haut niveau dans le soin psychique et les psychothérapies, ainsi que dans les fonctions cliniques de support indispensables à l’élaboration des souffrances collectives générées par les situations professionnelles des acteurs de la santé qui sont au contact de patients vulnérables.
- Un doctorat tourné vers la clinique, sous la forme d’un praticat non contraignant
Proposition : Les psychologues cliniciens en formation devront exercer une activité professionnelle en tant que psychologue, tout en étant supervisés et intervisés dans leur pratique.
- Création de maisons des psychothérapies, dans lesquelles les psychologues cliniciens en formation assurent des soins psychiques de premières lignes
Propositions : Des maisons de psychothérapies doivent être créées. Elles participeront à la
démocratisation du soin psychique et seront des espaces de soin et de formation pour les
psychologues cliniciens.
- Assurer une transition douce avec la clause du grand-père pour les Psychologues cliniciens
Proposition : Le passage vers la validation du titre de Psychologue clinicien doit se faire dans le respect de tous les psychologues et permettrait ainsi d’assurer en France un important vivier de praticiens qualifiés dans le domaine du soin psychique.
ENTRÉE DES PSYCHOLOGUES CLINICIENS DANS LE CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE À UNE PLACE PÉRIMÉDICALE
- Création d’un Quatrième Groupe dans le Code de la santé publique pour la profession de Psychologue Clinicien
Proposition : L’entrée des psychologues dans le Code de la santé publique ne pourra se faire que par la création d’un Quatrième Groupe – sous la forme d’un Nouveau Livre (Livre IVbis ou Livre V) – de profession non médicale ou périmédicale, dans la Quatrième partie du Code de la santé publique, partie législative et réglementaire. Cette création d’un nouveau groupe permettra le respect de leur déontologie, le respect de leur niveau d’études et de leur appartenance au champ des sciences humaines et sociales. Cette nouvelle place permettrait également d’envisager la poursuite de leurs activités de fonction clinique de support, les psychologues cliniciens occupant une fonction de médiateurs entre les professionnels médicaux ou paramédicaux et se situant naturellement en périphérie de l’ensemble des intervenants qui entourent le patient.
- Appellation « périmédical » de ce Nouveau Livre du Code de la santé publique
Proposition : Nous proposons l’appellation « Périmédicale » à ce nouveau livre d’entrée dans le Code de la santé publique. La place « Périmédicale », signifiant : « autour du médical », « à la périphérie du médical ». La place de cadre technique dans une relation non hiérarchique sera affirmée par cette place périmédicale, le psychologue clinicien assurant certaines fonctions telles que les fonctions de médiation et de support aux équipes soignantes, grâce à un travail sur les liens entre professionnels. L’autonomie du psychologue clinicien et sa pratique, en pourtours de l’exercice médical et paramédical, lui confère une position d’interface et de trait d’union au sein de l’équipe, tout en garantissant une neutralité nécessaire et sécurisante dans la prise en soin psychique du patient.
NOUVELLE CONVENTION DE REMBOURSEMENT POUR LES PSYCHOLOGUES CLINICIENS
- Demande d’abrogation du dispositif Mon Parcours Psy
Proposition : Les psychologues cliniciens demandent l’abrogation de ce dispositif, afin de construire une convention adaptée à la prise en charge des patients, dans le respect des professionnels qui y sont engagés et des citoyens qui les consultent
- Création d’une convention tripartite respectueuse du Code de Déontologie des Psychologues
Proposition : Nous proposons une convention tripartite dans le respect du Code de Déontologie des Psychologues.
- Participation d’une caisse indépendante, hors parcours CNAM
Proposition : Nous proposons la participation d’une caisse indépendante des soins psychiques, hors parcours CNAM.
- Re-valorisation et reconnaissance des soins effectués par les psychologues cliniciens par les mutuelles
Proposition : Nous proposons une revalorisation et une reconnaissance plus appuyées des prises en soin psychiques effectuées par les psychologues cliniciens psychothérapeutes par les mutuelles, tel que ce fut le cas lors de la pandémie de la COVID-19.
- Avance totale de frais, par le patient, en amont de son remboursement ultérieur
Proposition : Nous proposons l’avance totale de frais de la part du patient, quel que soit son niveau d’indemnisation par la suite – à l’exclusion des patients les plus démunis, bénéficiant du régime de la Complémentaire Santé Solidaire (anciennement CMU).
- Dépassement d’honoraires, préservant le choix du psychothérapeute ainsi que le choix de la thérapie
Proposition : Nous proposons que le psychologue clinicien qui exerce en libéral détermine librement ses honoraires avec tact et mesure, informant au préalable ses patients, un dépassement d’honoraires étant autorisé.
RÉGLEMENTATION DE L’EXERCICE DE LA PSYCHOLOGIE ET DE LA PSYCHOTHÉRAPIE
- Protéger les usagers de la psychologie et de la psychothérapie des dérives sectaires
Proposition : L’information du grand public sur les pratiques et méthodes reposant sur les bases scientifiques et éprouvées en sciences humaines et à l’inverse les méthodes se revendiquant abusivement du champ de la psychologie et de la psychothérapie, est une des priorités pour les professionnels. La réglementation de ces professions par les pouvoirs publics, en collaboration avec les organisations de psychologues, devra permettre d’établir une liste des méthodes reconnues et des organismes autorisés à former les futurs professionnels.
- Renforcer les garanties sur la qualité des formations dispensées par les organismes formant à la psychologie et la psychothérapie
Proposition : Une validation des formations portant dans leur intitulé toute mention « psychologie » ou « psychothérapie » devra être accordée aux organismes souhaitant les dispenser, quel qu’en soit le public. Cette validation devra d’une part tenir compte des pré-requis établis par les différentes organisations de psychologues et de psychothérapeutes, et d’autre part répondre aux exigences du référentiel national qualité, telles que précisées
dans le Code du travail
- Établir des liens entre les différentes instances dont l’objectif est de protéger la pratique de la psychologie et de la psychothérapie
Proposition : La collaboration de ces différents collectifs semble être une des voies permettant la définition d’un cadre réglementaire de l’exercice de la psychologie et de la psychothérapie conforme aux attentes des professionnels et en phase avec les besoins identifiés des usagers.
- Envisager l’inscription de la déontologie des psychologues dans un cadre juridique en concertation avec les psychologues
Proposition : La réglementation de la psychologie et de la psychothérapie ne peut se concevoir sans une reconnaissance supérieure d’un code de déontologie, d’un point de vue juridique. Il appartient aux psychologues de concevoir, de garantir et de faire valoir ce code. Il exclut la participation à toute forme de dispositifs qui contreviennent à cette déontologie, comme le stipule notamment l’avis 2021-06 de la CNCDP au sujet du dispositif MonparcoursPsy (anciennement nommé MonPsy).
- Envisager que la pratique de la psychologie et de la psychothérapie soit réservée aux psychologues et psychiatres
Proposition : La pratique de la psychologie et de la psychothérapie doit être réservée aux professionnels formés à la psychologie et la psychothérapie, et réservée strictement aux titres réglementés (psychologue ou psychiatre).
(1) Le Manifestepsy (Manifeste des Psychologues Cliniciens Psychothérapeutes) est un mouvement regroupant,
au 22 mars 2023, plus de 8600 psychologues. Ce collectif s’est constitué en réaction à la préconisation par la
Cour des comptes, en février 2021, de la généralisation d’un dispositif de remboursement des séances chez les
psychologues libéraux. Il s’est donc naturellement poursuivi lors de la généralisation effective d’un tel
dispositif, qui intervenait sans concertation avec les psychologues cliniciens psychothérapeutes français. Le mouvement représente majoritairement les psychologues cliniciens psychothérapeutes, en investissant son combat pour la sauvegarde de soins psychiques de qualité, et éthique, ainsi que pour la construction de l’avenir des psychologues cliniciens psychothérapeutes en France.
Le rapport du Manifeste des psychologues cliniciens psychothérapeutes [PDF]