Certaines scarifications sont explicitement effectuées pour prouver une souffrance et s’assurer de la présence d’un interlocuteur, comme le formule cette patiente à une infirmière : « Ça sert à quoi d’avoir des pansements partout si vous ne venez pas nous voir ? ». Pour de nombreux soignants (1) en psychiatrie, la scarification est souvent une manière de « réclamer de l’attention » ou « d’appeler à l’aide ». Le corps, et plus particulièrement la cicatrice, seraient les témoins « historiques de l’évènement psychique traversé » (2) et de rentables supports de discussion entre l’adolescent et le soignant. Ces marques attestent ainsi de la souffrance vécue en épargnant à l’adolescent le risque d’une adresse directe. Louise Pembroke, une patiente qui s’est scarifiée pendant de nombreuses années, le formule très clairement : « Tout ce que je voulais, c’est que quelqu’un remarque [que je me scarifiais] sans avoir à le dire. Tu as besoin d’attention, il y a quelque chose qui ne va pas du tout, mais tu ne peux pas dire à personne “écoute, j’ai besoin de ton aide”, alors tu le dis d’une autre manière » (3).
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